Les Mokomokai sont des têtes tatouées coupées, conservées dans la pure tradition maorie, une coutume qui a perduré chez ce peuple indigène de Nouvelle-Zélande et des îles Cook jusqu’à la fin du 19ème siècle.
Des artefacts précieux dont beaucoup ont été vendus aux occidentaux au début du 19ème siècle comme œuvres d’art et dispersés à travers le monde.
La collection Mokomokai de l’officier de l’armée britannique Horatio Gordon Robley. Crédit photo Henry Stevens.
Le Mokomokai et le tā moko
Dans la culture maorie, les tatouages faciaux sont appelés tā moko et sont des symboles sociaux notant un statut et un range élevé. Le moko de chaque individu est unique, il reflète la lignée, la tribu, la profession, le rang et les exploits de celui qui le porte.
Si le moko était un rituel de passage à l’âge adulte chez les jeunes (les jeunes de la tribu Hamer de la vallée de l’Omo sautent des vaches en rituel), seuls les dignitaires de plus haut rang avait le visage entièrement tatoué de façon permanente.
Selon la légende, c’est Mataora qui a subi le tatouage indélébile par son beau père Uetonga, créature du monde des esprits, l’initiant ainsi à l’art du tā moko en pénitence de la souffrance que Mataora a infligé à sa fille Niwareka en la giflant.
« Moulage du visage de Wiremu Te Manewha (musée du Quai Branly) (6217704331) » par dalbera (CC BY 2.0).
La momification du Mokomokai
Culte des ancêtres vénérables ou trophée d’un glorieux ennemi (pratique de nombreuses tribus dans le monde entier comme les Konyak ou les Nias ), à leur mort les porteurs de Mokomokai se faisaient couper la tête pour conservation.
Les têtes tatouées coupées étaient alors énuclées, débarrassées du cerveau puis les orifices étaient scellés avec de la fibre de lin et de la gomme.
Les têtes étaient ensuite cuites, bouillies ou à la vapeur, avant de subir un séchage de plusieurs jours au soleil.
Un processus de conservation probablement moins efficace que celui appliqué à la marquise chinoise de Dai.
Si les têtes des ancêtres étaient des objets chéris des familles, celles des ennemis étaient des objets d’échanges entre tribus lors de négociations diplomatiques pour mettre fin à des conflits.
« 19th century Maori warriors head » par Nickmard Khoey Historical Archive (CC BY-NC-SA 2.0).
L’arrivée des européens et des mousquets
en 1770, le botaniste de James Cook Joseph Banks a découvert trois têtes dans un canoé et a forcé son possesseur a lui en céder une en échange de sous-vêtement. Un Mokomokai qui a certainement fait fureur à son retour en Grande Bretagne et les têtes tatouées ont commencé à être régulièrement échangées avec les maoris.
Ceux-ci ont fini par troquer leur têtes contre des mousquets et les tribus se battant régulièrement entre elles, la demande en mousquets est devenu croissante. Les guerres entre tribus ont amenés les maoris à décapiter leurs esclaves et prisonniers et les tatouer ensuite pour avoir plus d’armes. Un triste épisode surnommé la guerre des mousquets.
Une course à l’armement à laquelle le gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud a mis quasiment fin en 1831 en interdisant le commerce de ces têtes hors de Nouvelle Zélande.
Les têtes se vendaient bien sûr toujours sous le manteau mais la pratique du Mokomokai et même du tā moko a décliné. Par peur de se faire voler les têtes des famille mais aussi par peur de se faire assassiner dans une ruelle sombre car portant un tatouage faciale.
La pratique même du moko a décliné, voir même a presque disparu avant de faire un retour au 20ème siècle comme marqueur fort de l’identité maorie.
« 19th century Maori warriors head » par Nickmard Khoey Historical Archive (CC BY-NC-SA 2.0)
Les Mokomokai ont fait l’objet d’une demande de rapatriement par le gouvernement de Nouvelle Zélande depuis la fin du siècle dernier. De nombreuses pièces font parties de collections privées ou sont hébergées dans les musées comme celle de la collection Robley (première image) au musée américain d’histoire naturelle.
Si certaines de ces têtes tatouées sont revenues dans leur lieu d’origine, il en reste toutefois encore de nombreuses disséminées de par le monde.
Via Amusing Planet.
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