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Ata, l’humanoïde d’Atacama momifié : le minuscule squelette qui a brouillé les pistes entre science et mystère

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Pendant plus de dix ans, Ata a été la coqueluche des forums d’ufologie et des documentaires sensationnalistes. Cette minuscule créature humanoïde momifiée de 15 cm, découverte dans le désert chilien d’Atacama, a alimenté les spéculations les plus folles : extraterrestre, hybride génétique, clone échappé d’un labo secret… Et pourtant, l’analyse génétique va révéler une réalité à la fois profondément humaine et scientifiquement intéressante.

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Photo: Dr. Emery Smith.

La découverte de Ata : un alien dans un tiroir ?

En octobre 2003, Oscar Muñoz explore les ruines poussiéreuses de La Noria, ancien village minier perdu dans l’aridité du désert d’Atacama. Dans une pochette en cuir, enveloppé dans un linge et un ruban violet, il découvre un minuscule squelette humanoïde, entièrement formé, aux proportions étranges :

• Taille : 15 cm (oui, la taille d’un iPhone)
• Crâne : allongé, volumineux
• Côtes : 10 paires au lieu des 12 habituelles
• Dentition : présence de dents
• Os : étonnamment développés, comme ceux d’un enfant de 6 à 8 ans

Le spécimen est très bien conservé: l’endroit est l’un des plus secs de la planète et est propice à a momification, c’est d’ailleurs là que les plus anciennes momies du monde, les momies Chinchorro, ont été découvertes. Il est rapidement vendu la première fois pour quelques 64$ à un collectionneur espagnol et elle est aujourd’hui la propriété de Ramón Navia-Osorio qui dirige le Institute for Exobiological Investigation and Study et qui l’expose dans son cabinet de curiosités. Le surnom “Ata” (pour Atacama) est né.

Les théories farfelues de l’humanoïde d’Atacama

L’apparence d’Ata est si étrange qu’elle suscite immédiatement toutes sortes d’hypothèses :
• Un alien abandonné par sa soucoupe ?
• Un fœtus modifié génétiquement ?
• Un humain mutant avec une mutation inconnue issue d’un site nucléaire ?

Le web s’enflamme. Des vidéos de dissections circulent, les émissions de type Ancient Aliens s’en emparent, et Ata devient l’icône d’une conspiration galactique. Il faut dire que ce désert a parfois des allures d’un autre monde, alors avec une telle découverte digne de vieux dossiers X-Files…

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Photo: Dr. Emery Smith

La science entre en jeu et fait parler l’ADN

Mais en 2012, le professeur Garry Nolan (Stanford University) décide de faire taire les rumeurs avec une méthode imparable : la science. Grâce à une biopsie osseuse, il parvient à extraire de l’ADN. Verdict sans appel : Ata est humaine à 100 %.

Plus précisément, son ADN mitochondrial indique qu’elle est d’origine amérindienne, issue des peuples autochtones du nord du Chili. Il ne s’agit donc pas d’une momie humanoïde mais d’une momie humaine, une vraie, à la différence d’une momie sirène nippone.

En 2018, une équipe conjointe de Stanford et UCSF séquence l’intégralité du génome nucléaire d’Ata. Et là, les chercheurs découvrent quelque chose d’inédit : 64 mutations rares, sur 7 gènes impliqués dans le développement osseux.

Les mutations notables sont:
• COL1A1 et COL2A1 : fragilité osseuse et nanisme
• FLNB, FGFR3, TRIP11 : dysplasie, croissance anormale
• TBX6 : scoliose, défauts de segmentation vertébrale

En conclusion, Ata souffrait probablement d’un syndrome polymalformatif sévère, entraînant une croissance osseuse prématurée et une morphologie trompeuse. Elle, car c’est une petite fille, serait décédée peu après la naissance, voire in utero, puis naturellement momifiée par le climat extrême du désert d’Atacama.

Le paradoxe qui a semé le trouble pendant des années : les os semblaient appartenir à une enfant de 6 à 8 ans, alors que la taille correspond à un fœtus de 22 à 28 semaines. En réalité, l’ossification prématurée, due aux mutations, a induit en erreur les premières observations.

La momie Ata, une polémique science contre éthique

La résolution scientifique n’a pas éteint la controverse. Bien au contraire. Car cette découverte pose aussi des questions profondes :
• Le corps d’Ata a-t-il été exhumé légalement ?
• Est-il éthique de faire circuler les restes humains comme objets de collection ?
• Doit-on rapatrier Ata au Chili pour une inhumation respectueuse ?

Des organisations autochtones et l’État chilien ont demandé le retour du corps sur son territoire natal, arguant qu’elle mérite une sépulture digne, comme n’importe quel être humain. Même Juliana Pastrana a fini par avoir sa tombe.

Malgré le malaise éthique, l’étude d’Ata a permis d’enrichir les bases de données génétiques mondiales, d’identifier de nouvelles mutations, et potentiellement, d’aider au diagnostic de maladies osseuses rares chez des enfants vivants.

Une petite fille momifiée devenue source de progrès médical : voilà un retournement de situation inattendu.

Sources pour aller plus loin

Standford Medicine
Wikipédia
UCSF
Inverse

Moins mystérieuse dans son apparence, découvrez également l’histoire de Hedviga Golik, une femme naturellement momifiée retrouvée 42 ans plus tard dans son salon.

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1 commentaire pour “Ata, l’humanoïde d’Atacama momifié : le minuscule squelette qui a brouillé les pistes entre science et mystère”

  1. Retour de ping : La beauté des paysages du désert d'Atacama par Jesse Echevarria - 2Tout2Rien

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