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Les vêtements de porcelaine de Li Xiaofang : quand l’histoire se porte comme une armure

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Oubliez le coton, la soie ou même le cuir. L’artiste chinois Li Xiaofang a choisi un matériau beaucoup plus… cassant pour habiller ses mannequins : la porcelaine. Et pas n’importe laquelle ! Des fragments de céramiques issues de véritables fouilles archéologiques, vestiges des dynasties Song, Yuan, Ming et Qing. Résultat ? Des robes, vestes et chemises qui ressemblent autant à des œuvres d’art qu’à des armures fragiles.

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La matière première : des tessons chargés d’histoire

En Chine, la porcelaine est surnommée « l’or blanc ». Depuis des siècles, elle fait rayonner le savoir-faire de Jingdezhen, capitale mondiale de la céramique. Li Xiaofang ne se contente pas d’admirer ces porcelaines anciennes : il les recycle. Chaque fragment provient d’objets historiques brisés, collectés dans les sols ou sur les marchés spécialisés.

Avant d’être assemblés, ces morceaux sont polis avec minutie. Leur motif, leur glaçure et leur teinte déterminent leur place dans la composition. L’artiste n’improvise pas : chaque éclat devient la pièce d’un puzzle vestimentaire géant, un recyclage bien différent des bonzaïs et porcelaine de Patrick Bergsma.

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De l’éclat à la couture métallique

Comment passe-t-on d’un bol Ming cassé à une veste contemporaine ? Le secret réside dans un montage aussi patient que technique. Li Xiaofang perce de petits trous dans chaque fragment, puis les relie grâce à un fil métallique fin, souvent argenté, une technique un peu analogue à celle de Caroline Harrius pour ses mélanges de céramique et de points de croix. L’ensemble est ensuite posé sur une doublure en cuir souple qui sert de support et de confort (relatif).

À la fin du processus, le vêtement ressemble à une mosaïque tridimensionnelle : une sculpture que l’on pourrait, en théorie, enfiler. En pratique, porter une robe de porcelaine, c’est un peu comme sortir avec une vaisselle de grand-mère sur le dos : esthétique, mais pas franchement recommandé pour danser le tango.

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Les « paysages réarrangés » : la philosophie de Li Xiaofang

Li Xiaofang appelle ses créations des « rearranged landscapes » — littéralement « paysages réarrangés ». Le terme traduit bien l’intention : rassembler des morceaux du passé pour en faire un tableau contemporain. Chaque vêtement devient un paysage mémoriel, un patchwork où l’histoire se lit dans les motifs bleus et rouges des porcelaines.

Les couleurs, d’ailleurs, ne sont pas anodines. Le bleu cobalt symbolise la vitalité, le rouge la force et la vie. Ces teintes, typiques de la céramique chinoise, renforcent le dialogue entre tradition et modernité.

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Du musée au podium de la mode

Le travail de Li Xiaofang a rapidement traversé les frontières de l’art contemporain. Ses œuvres ont été exposées dans des musées prestigieux comme le Metropolitan Museum of Art de New York. Certaines marques de luxe se sont aussi emparées de son univers : Lacoste, par exemple, lui a confié la création d’un polo spécial en 2010.

Petit détail amusant : la Chine interdit l’exportation d’artefacts archéologiques authentiques. Pour cette collaboration, Li Xiaofang a donc dû fabriquer ses propres fragments de porcelaine, volontairement cassés, pour créer une version « exportable » de ses vêtements. Comme quoi, même l’art le plus poétique doit composer avec la douane !

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Entre sculpture et vêtement

Faut-il vraiment parler de vêtements ? Techniquement oui, mais il serait plus juste de dire « sculptures portables » (wearable sculptures en anglais), à l’instar des créations de verre de Kit Paulson. Ces pièces ne sont pas conçues pour le quotidien mais pour questionner notre rapport au temps, à la mémoire et à la beauté.

Leur poids (parfois supérieur à 10 kg) et leur rigidité les rapprochent davantage de l’armure que de la robe de soirée. Mais c’est précisément ce contraste — fragilité de la céramique, lourdeur du matériau, délicatesse du motif — qui rend les créations de Li Xiaofang uniques.

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Pourquoi çes vêtements en porcelaine fascinent tant ?

Parce que les vêtements en porcelaine de Li Xiaofang condensent tout :
• l’histoire millénaire de la Chine,
• la prouesse technique,
• l’audace artistique,
• et une touche d’humour involontaire (imaginez un défilé où les mannequins doivent éviter de se cogner entre eux).

Ils posent aussi une question intéressante : un vêtement doit-il forcément être confortable ? Ou peut-il exister comme un pur support d’expression, entre mode et sculpture ?

La porcelaine inspire de nombreux artistes, voir par exemple les objets du quotidien de porcelaine de Brock DeBoer.

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Conclusion

En transformant des éclats de céramique ancienne en costumes brillants, Li Xiaofang prouve que même ce qui est brisé peut renaître sous une nouvelle forme. Ses créations, à la fois fragiles et imposantes, ouvrent un dialogue entre passé et présent, tradition et modernité, vêtement et sculpture.

Un peu comme si chaque robe racontait : « Rien ne se perd, tout se transforme… même la vaisselle cassée. »

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Sources

Toutes les images: crédits Red Gate Gallery.

Artbaiguan
HiFructose
Solo Contemporary
Design Mixer

Art et porcelaine brisée, découvrez également ces « réparations » d’ assiettes brisées par du dessin par Robert Strati.

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1 commentaire pour “Les vêtements de porcelaine de Li Xiaofang : quand l’histoire se porte comme une armure”

  1. Retour de ping : Syntopia - les robes ondulées inspirées des vols d'oiseaux de Iris van Herpen - 2Tout2Rien

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