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Les maisons en coquilles d’huîtres du Guangdong et du Guangzhou

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Imaginez une maison dont les murs racontent la marée. Une demeure qui sent le sel séché, la mémoire des pêcheurs, et le génie des bâtisseurs anonymes. Bienvenue dans le Guangdong et le Guangzhou, au sud de la Chine, où certaines maisons ont été construites non pas avec des briques ou des pierres… mais avec des coquilles d’huîtres. Oui, vous avez bien lu : des coquilles.

Cette technique, née à la croisée de l’ingéniosité et de la nécessité, a donné naissance à un patrimoine architectural aussi original que durable.

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Crédit photo Devil-lightening (CC BY-SA 2.0).

Une histoire venue de la mer

Au temps des dynasties Ming et Qing, les navires marchands chinois sillonnaient les mers, chargés de soie, de thé et de porcelaine. Sur le chemin du retour, les cales vides menaçaient la stabilité des embarcations. La solution fut aussi simple que brillante : charger le bateau de coquilles d’huîtres séchées pour servir de lest.

De retour à quai, ces tonnes de coquilles devenaient… un stock gratuit. Et comme rien ne se perd, les habitants du littoral ont commencé à les employer comme matériau de construction. Des centaines de maisons sont ainsi sorties de terre, ou plutôt de mer, bâties à même les ressources côtières.

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Crédit photo Lim Ashley (CC BY 2.0).

Un matériau composite avant l’heure

Si ces maisons ont résisté au temps, ce n’est pas un hasard. Les bâtisseurs avaient développé une technique ingénieuse :
• Structure murale : les coquilles d’huîtres, riches en carbonate de calcium, étaient empilées couche après couche.
• Liant naturel : pour les solidifier, on utilisait un mélange de boue argileuse et de riz gluant, parfois enrichi de sucre brun ou de vinaigre, qui créait une colle naturelle très résistante.
• Résistance au climat : ce mélange formait une paroi isolante, respirante et résistante à l’humidité saline, idéale pour les régions côtières humides.

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Crédit: Haihong Huang.

En résumé, un mur coquillier agit un peu comme un béton allégé écologique, bien avant que ce soit une mode.

Ce mariage entre architecture et coquillages n’est pas unique. En Espagne, la célèbre Casa de las Conchas arbore une façade ornée de coquilles Saint-Jacques, symbole de pèlerinage. Mieux, au Sénégal, l’île de Fadiouth est littéralement bâtie sur une colline de coquilles ! La Chine n’a donc pas le monopole des rêves marins transformés en architecture.

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Crédit photo trevor.patt (CC BY-NC-SA 2.0).

Un patrimoine fragile et précieux

Autrefois, ces maisons en coquilles d’huîtres étaient omniprésentes dans ces régions du sud de la Chine. Aujourd’hui, seules quelques dizaines subsistent. L’urbanisation galopante, les rénovations modernes et la perte de savoir-faire traditionnel menacent ce patrimoine singulier.

Pourtant, ces maisons ne sont pas de simples “curiosités locales”. Elles témoignent d’une architecture vernaculaire durable, d’une époque où l’on construisait en harmonie avec l’environnement — sans surcoût carbone, ni grues, ni béton armé.

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Crédit photo geneva_wirth (CC BY-NC 2.0).

Une leçon pour demain

À l’heure où l’on cherche des matériaux de construction plus écologiques et biosourcés, cette tradition ancienne trouve un écho étonnamment moderne :
Récupération et réemploi : valoriser des matériaux considérés comme des déchets.
Économie circulaire locale : bâtir avec ce que la nature et la mer offrent.
Résilience climatique : créer des structures adaptées au milieu côtier.

Ces techniques pourraient inspirer des solutions d’architecture contemporaine. Certaines équipes d’ingénieurs étudient déjà la valorisation des coquilles (huîtres, moules ou Saint-Jacques) dans les bétons allégés modernes.

Les coquilles fascinent d’ailleurs aussi les artistes. Certaines deviennent des supports poétiques, comme ces sculptures de crânes dans des coquilles d’huîtres qui détournent la nature en œuvres insolites.

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Crédit photo: Haihong Huang

Les maisons en coquilles d’huîtres, une beauté brute

Les maisons du Guangdong frappent par leur texture : des murs aux teintes nacrées, ponctués d’aspérités, qui réfléchissent la lumière de façon presque organique. Les coquilles, patinées par les années, donnent à ces bâtisses une aura minérale et marine tout à la fois.

Elles rappellent que l’architecture n’a pas toujours été synonyme de béton gris et de métal froid. Elle pouvait aussi naître de la mer, humblement, naturellement.

Sources pour aller plus loin

Amusing Planet
Theycallmestranger
Sustaining urban memory through oyster shell architecture
Architecture Material: Oyster-shell
Haihong Huang.

Architecture en recyclage marin, découvrez également les maisons en barques renversées d’ Equihen en France.

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