Au royaume des oiseaux charmants, la mésange de Sophie (Leptopoecile sophiae), aussi appelée orite de Sophie ou paruline à sourcils blancs, mérite largement sa place.
Petite, colorée, vive… et dotée d’un nom de star de roman russe, cette mésange montagnarde, qui semble tout droit sorti d’un conte de fées, est pourtant une espèce encore méconnue du grand public.
Crédit photo Vladimir Sklyarenko (CC BY-NC 4.0).
Une mésange… mais pas tout à fait
Ne vous fiez pas à son surnom. Si on l’appelle « mésange », Leptopoecile sophiae n’est pas une vraie mésange au sens strict. Elle appartient à la famille des Aegithalidae, celle des mésanges à longue queue, mais est classée dans le genre Leptopoecile, distinct des mésanges européennes plus classiques comme la charbonnière ou la bleue.
Crédit photo Ivan Smorkalov (CC BY-NC 4.0).
D’ailleurs, certains spécialistes la placent même dans une sous-famille différente, tant ses caractéristiques diffèrent de nos mésanges de jardin. On pourrait donc dire que la mésange de Sophie est une cousine excentrique, au look bien à elle.
On distingue quatre sous-espèces selon leur localisation et leur coloration, mais les limites précises de leur répartition restent floues. Certaines vivent à des altitudes plus élevées et présentent des teintes plus sombres
Crédit photo Jonathan M (CC BY-NC 4.0).
Un oiseau riche en couleurs
La mésange de Sophie mesure entre 8,5 et 12 cm et pèse à peine 6 à 9 grammes.
Le mâle arbore un plumage spectaculaire : gorge et ventre bleu-violet, ailes et queue bleu violacé, et un sourcil blanc bien marqué. La femelle, plus discrète, présente des teintes brunes et grises, mais partage le même sourcil blanc caractéristique.
Crédit photo Birds of Gilgit-Baltistan (CC BY-SA 2.0) .
Ce dimorphisme sexuel est courant chez les oiseaux, voir par exemple celui du Miro rosé (Rose Robin).
Avec ses yeux vifs, sa longue queue effilée et son comportement alerte, cet oiseau est aussi élégant que vif. On le surprend souvent en train de sautiller de branche en branche, à la recherche d’insectes, de petits invertébrés ou de graines.
Crédit photo Birds of Gilgit-Baltistan (CC BY-SA 2.0) .
Un habitat de haute altitude
Pour croiser la mésange de Sophie, il faut grimper haut, très haut ! Elle vit dans les forêts d’arbustes des montagnes, entre 2 000 et 5 000 mètres d’altitude. On la rencontre dans la chaîne de l’Himalaya, sur le plateau tibétain, ainsi que dans le nord-ouest de la Chine, le Kazakhstan, le Népal, l’Inde et le Pakistan.
Son adaptation à ces milieux extrêmes témoigne de sa robustesse malgré sa petite taille.
Crédit photo Mengshuai Ge (CC BY-NC 4.0).
Vie sociale et reproduction
La saison de reproduction débute dès le mois d’avril. À ce moment, la mésange de Sophie vit en couple : mâle et femelle construisent ensemble un nid sphérique, souvent caché dans les arbustes à faible hauteur. La ponte comprend généralement de 4 à 6 œufs tachetés, incubés pendant une vingtaine de jours. Les deux parents participent activement à l’élevage des oisillons, qui prennent leur envol vers 17 jours.
Après la reproduction, ces mésanges rejoignent des groupes pouvant compter plus de 25 individus, et en hiver, elles se mêlent à d’autres espèces pour former de grandes troupes, une stratégie efficace pour affronter le froid.
Crédit photo Spark (CC BY-NC 4.0).
Régime alimentaire varié
La mésange de Sophie se nourrit principalement de petits insectes et d’araignées, qu’elle capture au sol ou parfois en vol. En hiver, elle complète son menu avec des graines et des baies. Les oisillons, quant à eux, sont nourris exclusivement d’insectes pour assurer leur croissance rapide.
Crédit photo Nickel (CC BY-NC 4.0).
Le mystère du prénom « Sophie »
Pourquoi ce nom ? Le mystère reste entier, mais certains supposent qu’elle a été baptisée en l’honneur de Sophie de Württemberg, épouse du tsarévitch Alexandre de Russie, ou d’une autre Sophie de la noblesse russe ou européenne du XIXe siècle. Une habitude classique à l’époque où de nombreuses espèces furent nommées en l’honneur de mécènes ou de figures royales.
Un piste plus probable est que le nom sophiae rende hommage à Sofia Alexandrovna Poltoratskaya, épouse de l’ornithologue Nikolaï Severtsov, qui a décrit l’espèce en 1873. Sofia a participé activement à l’expédition ayant permis la découverte de l’oiseau, collectant plantes et insectes et réalisant de précieux dessins naturalistes.
Crédit photo Tony Ling CC BY-NC 4.0).
La mésange de Sophie menacée?
Bonne nouvelle : Leptopoecile sophiae est actuellement classée en « préoccupation mineure » par l’UICN. Sa population est bien au dessus d’autres espèces d’oiseau en danger, voir par exemple le Bagadais d’Albert que l’on pensait disparu.
Grâce à son habitat reculé, elle échappe pour l’instant aux ravages de l’urbanisation. Mais comme toutes les espèces de montagne, elle pourrait être impactée par le réchauffement climatique, qui modifie la flore et la faune en haute altitude.
Crédit photo Владимир Семашко CC BY-NC 4.0).
Vidéo d’une ortite de Sophie
Plus coloré que le fantomatique Ibijau gris, voici une petite vidéo d’une de ces petites mésanges asiatiques:
Sources pour aller plus loin
• Birds of the world.
• eBird.
• Wikipédia.
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