Le dragon bleu, ou Glaucus atlanticus, est l’un des animaux marins les plus étonnants et intrigants de la planète.
Sous ses airs d’extraterrestre issu d’un rêve psychédélique ou d’un film de science-fiction, ce petit mollusque, souvent surnommé « dragon des mers », cache des particularités étonnantes.
Blue dragon-glaucus atlanticus (8599051974) par Sylke Rohrlach (CC BY-SA 2.0).
Un nudibranche aux couleurs éclatantes
Avec ses 3 à 6 cm de long, il arbore un corps bleu électrique sur le dessus, argenté sur le dessous et une série de « bras » effilés qui ressemblent à des ailes de dragon. Cette coloration n’est pas qu’esthétique ; elle est un exemple parfait de contre-tonalité, un camouflage qui lui permet de se fondre aussi bien avec la surface de l’eau vue du dessus qu’avec la lumière du soleil vue du dessous. Même s’il est bleu, ce camouflage reste toutefois en terme de performance en deçà de celui du Sapphirina bleu.
Cette adaptation, expression de la diversité de la beauté des limaces de mer, le protège des prédateurs, qu’ils viennent du ciel ou des profondeurs. Elle donne aussi le signal de son extrême dangerosité. Oui, cette limace de mer est aussi belle que redoutable !
Crédit photo Poyt448, Peter Woodard (CC BY-SA 4.0).
Un mode de vie unique : le flottement à l’envers
Contrairement à la plupart des nudibranches, le dragon bleu vit en pleine mer, flottant à la surface grâce à une bulle d’air stockée dans son estomac. Il dérive au gré des courants, à la différence du poisson chat à l’envers, ventre vers le ciel, une posture qui maximise l’efficacité de son camouflage et lui permet de chasser ses proies favorites.
Poussé par les courants et le vent, il se laisse porter comme une feuille sur l’eau, ce qui explique pourquoi on le retrouve parfois échoué sur les plages australiennes ou sud-africaines.
Glaucus atlant par vlastní obrázek (CC BY-SA 3.0).
Un prédateur redoutable, même pour l’homme
Si son look rappelle un Pokémon légendaire, son régime alimentaire est toutefois moins amusant! Le dragon bleu se nourrit principalement de physalies (la fameuse « galère portugaise », cousine toxique de la méduse), ainsi que d’autres organismes urticants comme la vélelle ou le porpite, tous connus pour leur venin puissant.
Mais Glaucus atlanticus ne se contente pas de résister à leur venin : il récupère et stocke les cellules urticantes de ses proies, les nématocystes, dans ses propres tissus, des cnidosacs, devenant ainsi lui-même venimeux. Une simple manipulation à main nue peut provoquer une piqûre douloureuse, voire dangereuse pour l’homme, provoquant brûlures et réactions allergiques.
Glaucus atlanticus par lostandcold (CC BY 2.0).
Reproduction et cycle de vie
Le dragon bleu est hermaphrodite, chaque individu possédant à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles. Lors de la reproduction, deux individus s’accouplent et pondent ensuite des chapelets d’œufs, souvent accrochés à des débris flottants ou aux restes de leurs proies.
Les œufs éclosent en quelques jours, donnant naissance à de minuscules larves qui grandiront à leur tour pour devenir de nouveaux dragons bleus.
Crédit photo Rebecca R. Helm. Image by Denis Riek. (CC BY-SA 4.0).
Distribution et observations
Le Glaucus atlanticus est un véritable globe-trotteur. On le trouve dans les eaux chaudes et tempérées des océans Atlantique, Pacifique, Indien et même en Méditerranée.
Il vit habituellement loin des côtes mais peut parfois s’échouer sur les plages, notamment après des tempêtes ou des changements de courant. Sa présence récente sur certaines plages européennes, comme aux Canaries ou en Espagne, a suscité l’inquiétude des baigneurs et des autorités locales.
Blue Sea Slug – Glaucus atlanticus par Doug Beckers (CC BY-SA 2.0).
Vidéo du dragon bleu
Après cette limace de mer bioluminescente, voici donc une petite vidéo de Glaucus atlanticus, le fantastique dragon bleu des océans, un mélange de beauté, d’étrangeté et de danger:
Autres infos insolites
• Le dragon bleu ne vit qu’un an environ.
• En anglais, on le surnomme « blue dragon », « sea swallow » ou « blue glaucus ».
• Il peut flotter en groupes connus sous le nom de “blue fleet”.
• Les bases marines en Australie, en Afrique du Sud, et d’autres lieux ont remarqué une expansion de sa distribution, peut-être liée au changement climatique.
Sources pour aller plus loin
• Australian Geographic – Fact File: Blue dragon (Glaucus atlanticus)
• Wikipedia (anglais) – Glaucus atlanticus
• Oceana – Blue Glaucus
• BOEM – Blue Dragon Sea Slug
Glaucilla marginata…blue bottles eater in a green bucket par Pierre Pouliquin (CC BY-NC 2.0).
Et dans la famille nudibranche étrange, découvrez également cette limace de mer en forme de feuille qui est un hybride animal végétal.
Une si jolie bébête venimeuse !!!!