Imaginez un instant : et si le corps humain pouvait sortir du cadre, littéralement ? C’est le pari un peu fou – et hautement artistique – du photographe londonien Ben Hopper avec son projet « Transfiguration ».
Ici, pas de filtre Instagram, mais de la poudre blanche, des litres de peinture noire et surtout… des contorsions à donner des crampes à un fakir.
Body-painting ou sculpture vivante ? Pourquoi choisir !
Depuis 2012, Ben Hopper transforme danseurs et artistes de cirque en véritables œuvres d’art vivantes. Son secret ? Un savant mélange de body-painting, d’éclairage étudié et d’une mise en scène où le modèle disparaît pour laisser place à une créature abstraite, parfois mi-humaine, mi-animal. Au programme : torsions, pirouettes, bras qui deviennent branches ou ailes, bustes effacés sous la poudre – bref, une véritable métamorphose où l’humain devient sculpture vivante.
Il explique:
Mon objectif est de déconstruire l’identité du modèle pour en révéler la puissance brute. Le corps n’est plus un individu, mais un matériau artistique à part entière.
Les coulisses techniques d’une transformation
Pour obtenir cet effet spectaculaire, l’artiste utilise plusieurs astuces :
• Matériaux : poudre blanche (sûrement de la farine ou du talc – recette à ne pas reproduire dans votre cuisine !), peinture corporelle noire non toxique.
• Modèles : principalement des danseurs et circassiens, choisis pour leur souplesse et leur force. Il faut (presque) le physique d’un super-héros pour tenir les poses !
• Éclairage : lumière douce ou stroboscopique, fond neutre pour faire ressortir la matière.
• Post-production : retouches minimales, juste de quoi fusionner couleur de peau et texture, sans perdre la dimension organique.
De Londres à Paris : une série qui fait le tour du monde
La série a rapidement attiré l’attention : exposée à Londres (theprintspace, Roundhouse) puis à Paris lors du festival du Cirque de Demain, elle a aussi fait parler d’elle sur Kickstarter, plateforme où Ben Hopper a financé une partie du projet. Des médias spécialisés en photographie et en art contemporain ont salué son originalité.
Une expérience sensorielle et philosophique
Derrière la prouesse technique se cache une réflexion profonde sur l’identité corporelle et la perception de l’humain.
• Déshumanisation contrôlée : la poudre camoufle les traits, efface la personne pour révéler la forme pure, presque statuaire.
• Animalité suggérée : certaines poses évoquent des animaux ou des créatures mythologiques, brouillant la frontière entre homme et nature.
• Abstraction : chaque photo devient une énigme à décrypter, entre mouvement, matière et lumière.
Extraits de Transfiguration par Ben Hopper
Après ces portraits de femmes aux aisselles poilues par le photographe, voici donc quelques extraits de Transfiguration, des sculptures ou dessins vivants par Ben Hopper:
(plus de ses clichés sur la page Behance du photographe ici ou son site web là)
Toutes les photos: crédits Ben Hopper (CC BY-NC-ND 4.0).
Photo et poudre, découvrez également cette danseuse dans un nuage de poudre par Jeffrey Vanhoutte.