La préservation des océans est plus cruciale que jamais. Si chacun peut agir individuellement ou à travers des organisations, l’impact des initiatives gouvernementales reste déterminant. À ce titre, le Portugal vient de franchir une étape majeure en annonçant la création d’une aire marine protégée (AMP) de 98 000km² (38,000 miles carrés), couvrant la célèbre dorsale sous-marine de Gorringe.
Photo : Campagne CYAGOR 2 – Vues du manteau et de la croûte océanique via Wikimedia Commons (CC BY 4.0).
Un sanctuaire unique en Europe
Située environ à 250km au large du cap Saint-Vincent, le point le plus au sud-ouest du continent européen, la dorsale de Gorringe est le plus haut mont sous-marin d’Europe occidentale, s’élevant à plus de 5 000 mètres du plancher océanique. Cette montagne volcanique sous-marine abrite une biodiversité exceptionnelle, avec près de 850 espèces marines recensées. Soft coraux, gorgones, éponges profondes et plus de 1 100 récifs trouvent refuge sur cette crête immergée unique.
Les montagnes sous-marines sont des hauts lieux de découvertes d’espèces, voir par exemple celles le long de la dorsale de Nazca.
Le Portugal a donc décidé de ne pas faire les choses à moitié en protégeant une zone plus grande que la Hongrie, et presque aussi vaste que l’ensemble de ses eaux territoriales protégées jusqu’ici.
Carte bathymétrique de Gorringe. Crédit photo Rúdisicyon (CC BY-SA 4.0).
lLa dorsale de Gorringe, un pas de géant pour la nature
Cette nouvelle réserve va faire passer la proportion des eaux portugaises protégées de 19 % à environ 27 %. Et ce n’est pas juste une opération de com’ : la zone a été cartographiée et étudiée pendant plus de cinq ans par des scientifiques, sous la houlette de l’Oceano Azul Foundation, en collaboration avec la marine portugaise.
Selon la ministre de l’Environnement Maria da Graça Carvalho :
En matière de protection marine, nous sommes le pays le plus avancé au monde avec nos caractéristiques continentales et insulaires. Certainement leader en Europe.
Ce sanctuaire sous-marin connectera monts sous-marins, plaines abyssales et haute mer pour former un refuge à de nombreuses espèces migratrices :
• Tortues
• Requins
• Mammifères marins
• Oiseaux de mer
• Thons et autres poissons pélagiques
• raies torpilles
Mais aussi:
• des espèces rares (plus de 850 recensées),
• des habitats exceptionnels (des récifs, des volcans sous-marins, des forêts aquatiques…)
Il agira aussi comme nurserie fertile pour la faune, restaurera les forêts de laminaires et de coraux, et protégera des lieux uniques de reproduction, par exemple pour les raies torpilles.
Crédit photo Silke Baron (CC BY 2.0).
Le Portugal, nouveau champion européen de la mer
Le pays confirme ainsi son statut de leader européen de la protection marine :
• En 2021, il avait déjà créé la plus grande réserve totalement protégée d’Europe autour des îles Selvagens (2 677 km²).
• En 2024, c’était le tour des Açores avec la mise en place du réseau RAMPA, s’étendant sur près de 287 000 km².
Les modalités exactes d’exploitation restent à définir
Le Portugal devient ainsi un modèle à suivre, prouvant qu’il est possible d’allier science, conservation, et stratégie politique.
Le décret officiel définissant les modalités exactes de la zone de la dorsale de Gorringe(zonage, interdictions, surveillance) est attendu dans les mois qui viennent : la réserve sera-t-elle totalement interdite à la pêche, ou certaines pratiques durables seront-elles autorisées ? Ce qui est certain, c’est que cet ambitieux projet marque un tournant majeur pour la conservation de l’une des régions les plus riches et mystérieuses de l’océan Atlantique.
En parallèle, la 3e Conférence des Nations Unies sur l’océan, tenue à Nice en juin 2025, a permis de rappeler l’objectif global : protéger 30 % des océans d’ici 2030.
Pour que cet objectif devienne réalité, le traité sur la haute mer, signé en 2023, doit encore être ratifié par 60 pays. À ce jour, seuls 21 l’ont fait. Patience, donc.
Sources pour aller plus loin
• Reuters.
• AMAN Alliance
• Oceano Azul Foundation
• Wikipédia
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