Dans les montagnes du Costa Rica, au cœur d’une nature luxuriante, se cache une créature aussi intrigante qu’insaisissable : la mante lichen (ou mante mousse), baptisée Pogonogaster tristani.
Ce petit insecte, rarement observé, est un véritable maître du camouflage, capable de se fondre à la perfection dans son environnement de mousses et de feuilles. Une apparence végétale trompeuse qui dissimule un prédateur d’élite.
Crédit photo Oscarbr (CC BY-SA 3.0).
Une redécouverte spectaculaire
En août 2012, le photographe Oscar Blanco tombe nez à nez avec cette mante lors d’une promenade dans les montagnes du centre du Costa Rica. L’insecte, doté de protubérances foliacées et d’une couleur jaune-vert terne, se confond littéralement avec la végétation environnante. Après avoir pris quelques clichés macro, Blanco, intrigué par la rareté de la trouvaille, consulte un spécialiste des mantes pour identifier l’espèce.
Après quelques recherches dans la littérature entomologique, l’identification tombe : il s’agit probablement de Pogonogaster tristani, une espèce décrite au début du XXe siècle par Rehn.
Crédit photo Leonardo Miranda Di Giambattista (CC BY-SA 3.0).
Le 6 octobre 2013, aidé d’un ami à l’œil affûté, il parvient à retrouver une autre mante mousse, probablement une nymphe. Cette fois, il filme l’insecte, réalisant ce qui pourrait être la seule vidéo existante de Pogonogaster tristani.
Sa cousine, Pogonogaster latens, qui lui ressemble beaucoup, a été décrite scientifiquement (par Hebard, 1919), mais reste très mal connue et sans observation récente.
Crédit photo Andreas Kay (CC BY-NC-SA 2.0).
Une mante pas comme les autres
Contrairement à la mante religieuse commune, Pogonogaster tristani appartient à un tout autre registre esthétique : celui du mimétisme végétal poussé à l’extrême. Son corps allongé, recouvert de protubérances ressemblant à du lichen ou des fragments de mousse, lui permet de se dissimuler dans son environnement naturel avec une efficacité quasi parfaite.
Crédit photo gardenarchitect (CC BY-NC 4.0).
Ce camouflage lichénoïde (oui, c’est un vrai mot), rappelant celui de la sauterelle lichen, n’est pas qu’un déguisement : c’est une arme biologique. Invisible à ses proies et à ses prédateurs, la mante lichen a fait de l’art du camouflage un mode de vie.
Crédit photo Oscarbr (CC BY-SA 3.0).
La mante lichen, une prédatrice aussi discrète que mortelle
Immobile, fondue dans le décor comme un bout de mousse séchée, elle attend, à l’instar de sa cousine la mante fleur, patiemment qu’un insecte s’approche. Lorsque l’occasion se présente, elle lance ses pattes ravisseuses hérissées d’épines pour capturer sa proie à la vitesse de l’éclair.
Crédit photo Andreas Kay (CC BY-NC-SA 2.0).
Son régime est essentiellement composé de petits insectes. Elle n’est pas du genre à bouger beaucoup, préférant miser sur la ruse plutôt que sur la poursuite. Une chasseuse statique, mais redoutablement efficace.
Crédit photo Ben Thesing (CC BY-NC 4.0).
Vidéo de la mante mousse
Après le diablotin de Provence, voici la vidéo de cette rare mante mousse, Pogonogaster tristani, par Oscar Blanco:
Un symbole de la biodiversité cachée
Pogonogaster tristani illustre la richesse et la fragilité des écosystèmes forestiers. L’existence de cette mante lichen, discrète et méconnue, rappelle que de nombreuses espèces restent à découvrir ou à redécouvrir, même dans des régions pourtant bien étudiées.
La vidéo et les photos d’Oscar Blanco témoignent de l’importance de l’observation citoyenne et de la passion pour la nature.
Crédit photo Angela Casey Remedios (CC BY-NC 4.0).
Sources pour aller plus loin
• Research Gate
• iNaturalist
• EarthTouchNews
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