En Autriche, des archéologues ont mis au jour des monuments néolithiques circulaires monumentaux, vieux de plus de 6 500 ans. Ces structures, composées de fossés circulaires parfaitement dessinés, bouleversent notre chronologie de l’architecture préhistorique européenne et témoignent d’une organisation sociale et technique avancée pour l’époque.
Les monuments néolithiques circulaires du Burgenland : un héritage fantastique
Il y a environ 10 000 ans, avec la Révolution néolithique, les sociétés humaines ont commencé à se sédentariser. L’agriculture et l’élevage ont permis l’émergence de villages, de rituels communautaires et de constructions ambitieuses.
C’est dans ce contexte que, entre 4850 et 4500 av. J.-C., dans la région autrichienne du Burgenland (près de Rechnitz), ont été édifiés des monuments néolithiques circulaires, appelés en allemand Kreisgrabenanlagen.
Ces structures s’inscrivent dans une tradition architecturale préhistorique européenne plus vaste, qui inclut notamment le dolmen d’Aizkomendi en Espagne ou encore les cairns de Loughcrew en Irlande, témoins de la créativité monumentale du Néolithique.
Des fossés circulaires géants, invisibles depuis le sol
Grâce à des relevés aériens et géophysiques réalisés entre 2011 et 2017, les archéologues ont identifié quatre sites néolithiques circulaires dans le Burgenland. Trois d’entre eux présentent des fossés parfaitement dessinés, aujourd’hui enfouis et donc invisibles à l’œil nu.
- Le diamètre de certaines structures dépasse 100 mètres — soit la taille d’un terrain de football.
- Des fragments de céramique et des trous de poteaux suggèrent la présence d’installations en bois à l’intérieur.
- Les ouvertures semblent alignées sur les solstices, indiquant une fonction astronomique.
Un parallèle intéressant peut être établi avec le tumulus de Newgrange en Irlande (v. 3200 av. J.-C.), lui aussi aligné sur le soleil et utilisé dans des rituels complexes.
À quoi servaient ces monuments néolithiques circulaires ?
Les monuments néolithiques circulaires d’Autriche intriguent les archéologues, qui proposent plusieurs hypothèses complémentaires :
- Observatoires astronomiques : les alignements solaires laissent penser à des calendriers saisonniers sophistiqués.
- Enclos cérémoniels : des espaces délimités pour les rituels communautaires.
- Symboles de prestige : des structures visibles dans le paysage, affirmant le pouvoir ou l’identité d’un groupe.
- Lieux de rassemblement : marchés, fêtes agricoles, cérémonies liées aux cycles naturels.
Cette diversité rappelle des ensembles mégalithiques comme le cromlech de Guadalperal en Espagne, surnommé le « Stonehenge espagnol », lui aussi lié aux cycles astronomiques.
Une architecture monumentale avant Stonehenge
Ces structures néolithiques circulaires précèdent Stonehenge de plusieurs siècles et révèlent que les sociétés d’Europe centrale maîtrisaient déjà des savoir-faire remarquables. Elles disposaient en effet de compétences techniques leur permettant de concevoir et d’entretenir de vastes constructions circulaires, mais aussi d’une organisation sociale suffisamment structurée pour mobiliser durablement des dizaines de personnes autour d’un projet commun. Enfin, elles témoignent d’une culture symbolique profondément ancrée dans l’observation des astres et dans une relation étroite au paysage environnant.
Des découvertes similaires dans le nord de l’Europe, comme le « Stonehenge hollandais » de Tiel, confirment que ce phénomène architectural était largement partagé.
Un clin d’œil cosmique
Imaginez ces monuments néolithiques circulaires, creusés à la main il y a plus de six millénaires, sans métal ni technologie moderne. Alignés sur le soleil, ils formaient d’immenses horloges célestes, des repères collectifs dans un monde rythmé par la nature.
Sources pour aller plus loin
- 6,500-Year-Old Earthworks in Austria Are Thousands of Years Older than Stonehenge, This Is Colossal
- Office de l’Archéologie du Burgenland (Autriche) — communiqués (2025)
- Wikipédia (DE) — Kreisgrabenanlage
Archéologie européenne, découvrez également le dolmen de Bagneux surnommé la Roche aux Fées de Saumur.