Les vaches bleues de Lettonie

Partager/Envoyer à une IA pour résumer :

Animal emblématique et joyau génétique du patrimoine letton, la vache bleue de Lettonie (Zilā govs, en VO) revient de loin. Littéralement.

Elle a frôlé l’extinction avant de retrouver une place de choix dans les prairies du pays… et dans le cœur des Lettons.

Latvian Blue Cow in Ivande – panoramio.jpg par Laima Gūtmane (CC BY-SA 3.0).

Une race nationale sauvée de justesse

Originaire de la région de Kurzeme, sur la côte baltique, cette race bovine est connue pour la teinte étrange et poétique de sa robe : un gris-bleu bleuté, parfois presque argenté, qui lui a valu le surnom de vache bleue. Un peu comme une vache sortie d’un rêve ou d’un spot publicitaire… sauf que ce n’est pas la vache Milka (et elle n’est pas violette non plus, désolé).

Pendant la période soviétique, cette vache peu productive a été remplacée par des races plus performantes comme la Holstein. Seuls quelques individus ont survécu à l’abattage.

Résultat : en 2000, il ne restait plus que 18 vaches bleues recensées dans tout le pays. Un cheptel aussi symbolique qu’une espèce d’oiseau endémique oubliée.

Heureusement, en 2006, une association est fondée pour sauver cette race, devenue entre-temps symbole d’identité nationale. Aujourd’hui, on compte plus de 1 500 individus, paissant dans toute la campagne lettone. Une renaissance pastorale célébrée jusque dans les écoles, les musées, et même… au théâtre.

Zila govs.jpg pra Thomas W . Wyrwoll (CC BY-SA 4.0).

Couleur bleue et légendes laitières

Les petits naissent avec une robe beige et virent lentement au bleu-gris en grandissant, une évolution qui alimente les légendes locales. On raconte que leur couleur viendrait de la mer Baltique — et non d’un pot de peinture tombé chez un fermier distrait.

Côté rendement, elles produisent environ 5 000 litres de lait par an, loin derrière les stars de l’agro-industrie comme la Holstein et ses 8 000 litres. Mais leur lait serait plus riche en protéines et leur viande, foncée, possède une teinte et un goût atypiques liés à leur pigmentation. De quoi faire grimacer certains… ou saliver les curieux.

Cerise sur le pis : cette race rustique peut vivre en plein air même pendant les hivers lettons (ceux qui gèlent les pensées) et serait résistante à certaines maladies, notamment à la leucose bovine, une aubaine pour les vétérinaires et les éleveurs bio.

Crédit photo Skaldis/DepositPhotos.

Et la vache Milka dans tout ça ?

Parlons franchement : la vache Milka n’existe pas. C’est une création marketing, peinte en violet pour mieux se démarquer et séduire les enfants.

Elle est souvent représentée comme une vache Simmental ou une Montbéliarde, blanche avec des taches violettes numériques. Non, vous n’en croiserez jamais une dans la vraie vie. C’est aussi rare qu’une licorne… Probablement même plus si on considère qu’une sorte de licorne a vraiment existé.

La confusion entre la vache bleue de Lettonie et la vache Milka vient probablement de cette couleur peu naturelle qu’on ne voit jamais dans un champ… sauf en Lettonie.

Vache Milka violette générée par IA.

Une vache star de la scène et des réseaux

Si elle n’a pas son rond-point comme la vache landaise ou sa cloche dorée comme la suisse, la vache bleue a eu droit à sa pièce de théâtre : “The Blue One”, signée Gunars Priede, dans les années 1970. Une œuvre engagée qui l’a replacée au centre de l’identité lettonne.

Depuis, elle est devenue une égérie nationale, photographiée, filmée, partagée sur Instagram, souvent avec un petit filtre bleu pour exagérer la couleur et coller au mythe. Et ce n’est pas totalement pour nous déplaire.