Au cœur de la région autonome du Níngxià, à une quarantaine de kilomètres de Yinchuan, se dressent les mystérieuses pyramides de Chine, connues comme les tombeaux royaux des Xia occidentaux (Xixia). Ce complexe funéraire abrite neuf mausolées et plus de 250 tombes de nobles et dignitaires de la dynastie Xia occidentale, un peuple Tangut qui a régné sur cette partie de la Chine du XIe au XIIIe siècle.
Crédit photo: BabelStone / Wikimedia (CC BY-SA 3.0).
Un site à la mesure d’un empire disparu
Ces pyramides chinoises couvrent une superficie gigantesque de 40 à 50 km², soit l’équivalent d’une petite ville. Le complexe regroupe :
• 9 mausolées impériaux, alignés du sud vers le nord, retraçant l’histoire des souverains Xia.
• 271 tombes annexes pour nobles et dignitaires.
• 32 ouvrages hydrauliques (digues, canaux, tranchées) destinés à protéger le site des inondations.
• Une vaste zone cérémonielle de 50 000 m², réservée aux rituels et à l’administration de l’empire.
Crédit photo: David DeFranza (CC BY-NC-SA 2.0).
Entre désert et légendes
La dynastie des Xia occidentaux (1038-1227) a été fondée par les Tangoutes, peuple semi-nomade, avant d’être balayée par Gengis Khan. Si leurs palais ont disparu, leurs tombeaux monumentaux témoignent encore d’un mélange culturel unique : influences bouddhiques, traditions tang et pratiques nomades. Ces constructions sont donc plus récentes que d’autres pyramides comme celles d’Egypte, ou même celle de Rome, sans parler évidemment de Gunung Padang.
Crédit photo beibaoke.
D’ailleurs, les premiers Européens qui ont survolé la région dans les années 1930 n’y ont vu que… d’énormes termitières ! C’est pourtant plus souvent l’inverse: des structures naturelles sont prises pour des pyramides humaines comme le Cono de Arita du Salar de Arizaro.
Crédit photo: xiaoming wang / Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Secrets d’architecture
Contrairement aux célèbres pyramides égyptiennes, les pyramides de Chine sont principalement des monticules de briques et de terre, parfois ronds ou octogonaux, dont la hauteur varie entre 5 et 7 étages. À l’origine, ces édifices étaient richement décorés et peints, témoignant d’un passé glorieux malgré leur état de délabrement actuel.
Crédit photo: BabelStone / Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
Chaque mausolée suit un plan précis :
1. Une enceinte extérieure rectangulaire avec ses tours de garde.
2. Un barbacane (passage fortifié) menant à l’enceinte intérieure.
3. Un monticule funéraire en terre battue, haut d’une vingtaine de mètres, parfois renforcé par des briques.
4. Dans certains cas, un pavillon-tour combinant temple bouddhique et mausolée, comme celui de l’empereur Jingzong.
Une architecture à la fois monumentale et pratique, adaptée au climat aride du Ningxia.
Crédit photo beibaoke.
Les fouilles archéologiques
Le site est étudié depuis la fin des années 1970, mais les archéologues n’ont fouillé qu’environ 1 700 m² : une goutte d’eau comparée à l’immensité du complexe. Chaque campagne de fouille révèle des fragments de tuiles, de briques décorées et parfois des textes tangoutes, une langue mystérieuse aujourd’hui disparue.
Le défi ? Conserver et restaurer ces structures millénaires bâties en terre battue, tout en perçant les secrets de la dynastie.
Crédit photo Edescas2 / Wikimedia (CC BY-SA 3.0).
Les pyramides de Chine, un nouveau trésor de l’UNESCO
L’inscription au patrimoine mondial en 2025 marque une reconnaissance internationale : les tombeaux Xia ne sont pas de simples collines de terre, mais un témoignage exceptionnel d’une civilisation oubliée. A l’instar d’autres tombeaux comme ceux de Madain Saleh, la seconde Petra, cette inscription devrait permettre de sauvegarder ces témoignages d’un passé glorieux et méconnu.
Voici une vue aérienne de ces « tumulus », plus évident que ceux les cairns de Loughcrew, en vidéo:
Sources pour aller plus loin
• UNESCO
• Wikipédia
• Sapeque
• The world of Chinese
Tombeau décrépi, découvrez également celui de Bibi Jawindi au Pakistan.