Les mantes religieuses mangent les oiseaux : une réalité surprenante [vidéo]

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Contrairement à leur apparence inoffensive, les mantes religieuses sont de redoutables prédatrices capables de s’attaquer à des proies bien plus imposantes qu’on ne le pense, y compris des oiseaux.

Alors que l’on image facilement l’inverse, une étude internationale menée par des chercheurs suisses et américains a récemment mis en lumière ce comportement spectaculaire et méconnu.

Crédit photo jeffreyw (CC BY 2.0).

Un phénomène mondial et diversifié

L’étude menée par des zoologistes de l’Université de Bâle et de la National University en Californie a documenté 147 cas de mantes capturant et consommant des oiseaux à travers le monde. Les observations recensées révèlent que ce comportement n’est pas isolé : douze espèces de mantes religieuses appartenant à neuf genres différents ont été documentées en train de capturer et consommer des oiseaux dans treize pays répartis sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.

Au total, 24 espèces d’oiseaux de 14 familles figurent parmi les victimes, principalement de petits passereaux comme les colibris, mais parfois aussi des oiseaux légèrement plus grands.

Les colibris, notamment, sont des cibles fréquentes en raison de leur petite taille et de leur comportement de vol stationnaire. Près de 70 % des cas documentés proviennent d’Amérique du Nord, avec des incidents notables dans des États comme New York, la Caroline du Nord, le Texas, l’Arizona et la Californie.

Le mode opératoire : une attaque chirurgicale

La mante religieuse chasse généralement sa proie lorsqu’elle est suspendue la tête en bas, souvent sur une branche ou près d’un abreuvoir à colibris. Grâce à ses puissantes pattes ravisseuses, elle agrippe fermement l’oiseau, puis attaque directement la tête, pénétrant parfois par l’œil pour atteindre le cerveau, qu’elle consomme en priorité. Il n’est pas rare qu’elle décapite sa victime pour faciliter la consommation.

Les mantes possèdent des pattes antérieures spécialisées appelées pattes raptoriales, puissantes et munies de pointes acérées semblables à des crochets. Ces pattes leur permettent de saisir et de maintenir fermement des proies parfois aussi lourdes, voire plus lourdes qu’elles, comme les colibris, qui pèsent généralement entre 3 et 6 grammes.

La mante religieuse adopte une stratégie d’embuscade : elle se poste immobile à proximité des mangeoires à colibris ou des fleurs, attendant qu’un oiseau s’approche à portée d’attaque. Dès que la proie est à 5-10 cm, elle projette ses pattes ravisseuses à une vitesse fulgurante, attrapant l’oiseau souvent par la tête ou le cou. Les pointes de ses pattes s’enfoncent dans la chair, empêchant toute fuite.

Image d’illustration – 2tout2rien (CC BY-SA 2.0).

Un appétit qui ne se limite pas aux oiseaux

Parmi les mantes observées, certaines espèces introduites, comme la mante religieuse européenne (Mantis religiosa) et la mante chinoise (Tenodera sinensis), sont particulièrement impliquées dans ces actes de prédation. Leur taille imposante et leur adaptabilité les rendent aptes à s’attaquer à des proies plus grandes que les insectes habituels .

La réputation de la mante religieuse comme prédatrice ne date pas d’hier. Elle est déjà connue pour son cannibalisme sexuel, la femelle n’hésitant pas à dévorer le mâle pendant ou après l’accouplement, un comportement qui lui permettrait de récupérer des nutriments essentiels pour la reproduction. D’ailleurs, dans les cas recensés dans l’étude, c’est à chaque fois une femelle qui est incriminée pour l’attaque d’un volatile.

Selon Martin Nyffeler de l’Université de Bâle:

Le fait que manger des oiseaux soit aussi répandu chez les mantes religieuses, tant au niveau taxonomique que géographique, est une découverte spectaculaire.

Si son menu est généralement composé d’insectes (voir cette mante attrape-mouche), parfois aussi gros qu’elle comme une sauterelle, il peut aussi inclure d’autres petits vertébrés comme des grenouilles, lézards ou salamandres et même de petits poissons.

Des conséquences écologiques et des précautions à prendre

Si le nombre de cas documentés reste faible par rapport à la population totale des oiseaux, les chercheurs soulignent que ce comportement peut représenter une menace pour certaines espèces, notamment dans les régions où des mantes religieuses non indigènes ont été introduites pour lutter contre les insectes nuisibles.

Ils appellent ainsi à la prudence concernant l’introduction de ces prédateurs dans de nouveaux milieux. La perte d’habitat et d’autres facteurs environnementaux ont toutefois un impact bien plus important sur la survie des espèces aviaires.