Dans le quartier Hanakawado de l’arrondissement Taitō de Tokyo se niche l’étang Ubagaike, l’ étang de la sorcière.
Ce lieu en pleine ville est celui de la légende d’un tueur en série de l’époque féodale.
Crédit photo Daderot (CC0).
Au VIe siècle, à l’époque de la fondation du temple Sensō-ji, la région était connue sous le nom d’Asaji-ga-hara, une espèce de friche herbeuse.
Une région très peu développée et les voyageurs se dirigeaient vers une vieille cabane située au bord d’un lac au coucher du soleil pour y passer la nuit en évitant de se perdre ou d’être volés. Ils ignoraient bien sûr qu’un sort bien pire les y attendait.
Dans la maison en ruine (toutefois plus confortable que la maison de sorcière basque) vivaient une vieille femme surnommée la « sorcière » et sa jeune fille. La sorcière assassinait les voyageurs dans leur sommeil, leur fracassant la tête avec un morceau de pierre, et volait leur argent. Puis elle jetait les corps dans le lac, au grand désarroi de la fille. Une technique bien plus violente que celle de Baba Anujka, la sorcière de Banat, même si la finalité était la même.
Un soir, alors que le nombre de victimes de la sorcière affichait 999, un enfant solitaire a demandé un hébergement pour la nuit. Comme d’habitude, la sorcière a jeté une pierre sur la victime endormie sans une seconde d’hésitation, pour découvrir que ce n’était autre que sa propre fille qui s’était sacrifiée pour mettre un terme au massacre.
Dans le chagrin et le désespoir, la sorcière s’est retrouvé face à la petite fille, qui s’est révélée être Kannon du temple Sensō-ji.
Dans une variante de l’histoire, la déesse bouddhiste transforme la sorcière en dragon, mais la plupart des versions affirment que la sorcière s’est noyée dans le lac, l’étang de la sorcière, ou est devenue religieuse et a passé le reste de sa vie à prier pour ses victimes.
La légende a inspiré un certain nombre d’artistes de la période Edo, dont Utagawa Kuniyoshi et Hiroshige, ainsi que des poètes et des dramaturges kabuki de l’époque.
Le lac dans l’histoire s’appelait Ubagaike, ou « l’étang de la sorcière ». Il s’étendait autrefois très largement vers les rives de la Sumida, mais la majeure partie a été comblée à l’aube du 20e siècle. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un petit étang transformé en parc pour enfants, marqué par un monument commémorant le site d’Ubagaike.
Crédit photo Daderot (CC0).
Via Atlas Obscura.
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Le genre de légendes qui sont parfois teintées de vérité. Qui sait si un tueur en série n’a pas habité ici?