Avec sa silhouette fièrement campée sur le Lot, le Pont Valentré, surnommé le « pont du Diable », relie la ville à ses environs depuis plus de sept siècles et constitue l’un des joyaux de Cahors et un emblème magistral du Moyen Âge en France.
Sa silhouette, ponctuée de trois tours majestueuses et de six arches gothiques, incarne la puissance défensive et la richesse du patrimoine architectural du Midi-Pyrénées.
Crédit photo gauthierdan.
Un pont fortifié au cœur de l’histoire
En 1306, face aux tensions croissantes entre la France et l’Angleterre (prélude à la Guerre de Cent Ans), les consuls de Cahors décident d’ériger une forteresse-pont sur le Lot ; la première pierre est posée le 17 juin 1308. Sa construction s’est étalée sur plus de 70 ans, achevée vers 1380, malgré les défis techniques et les tumultes de la Guerre de Cent Ans. Il était toutefois déjà praticable dès 1350 (De ces mêmes années, découvrez aussi la construction du pont Charles de Prague).
Le Pont Valentré a joué un rôle stratégique dans la défense de Cahors. Il a résisté aux assauts du temps et des hommes, devenant un exemple rare d’architecture militaire française du XIVe siècle, et l’un des ponts médiévaux fortifiés les mieux conservés d’Europe.
Crédit photo santirf.
Architecture & Ingénierie
Ce pont fortifié, paré de mâchicoulis et de meurtrières, témoigne de l’ingéniosité des bâtisseurs médiévaux, qui ont su adapter leur ouvrage aux besoins militaires et économiques de leur temps.
• Dimensions et matériaux : en pierre de taille, long de ~138 m (172 m si l’on inclut les accès en dos-d’âne), large d’environ 5–6 m, avec une élévation dépassant 40 m au sommet des tours
• Structure défensive : six arches ogivales (entre 16,5 et 16,75 m d’ouverture) s’appuient sur des piles protégées par des avant-becs aigus crénelés. Trois tours massives, dotées de mâchicoulis, meurtrières et herses, verrouillaient l’accès. L’archéologie récente identifie même les traces d’un pont de service médiéval utilisé pour la construction.
Crédit photo milosk50.
Le pont du Diable
La lenteur des travaux a donné naissance à une légende célèbre.
Exaspéré par la difficulté à achever le chantier, l’architecte aurait pactisé avec Satan pour accélérer le chantier, sacrifiant son âme en échange. À la fin des travaux, il aurait défié le Diable de rapporter de l’eau dans un crible, une mission impossible. Hors de lui, le Diable viendrait chaque nuit enlever la dernière pierre de la tour centrale, rebâtie chaque matin par les maçons.
Une légende qui rappelle un peu celle du pont de l’ilet Saint-Cado.
En 1879, l’architecte Paul Gout a fait restaurer le pont et sculpter un petit diable narquois au sommet de la tour centrale, aujourd’hui célèbre pour les visiteurs.
Crédit photo Éole Wind (CC BY-NC-SA 2.0).
Patrimoine et restauration
Classé monument historique dès 1840, le Pont Valentré a fait l’objet d’une restauration majeure à la fin du XIXe siècle par Paul Gout, élève de Viollet-le-Duc. Quelques incidents mineurs au XXᵉ siècle, comme des pierres tombant sous la tour est en 1929, ont été rapidement réparés.
Depuis 1998, il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO dans le cadre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Un grand projet de restauration est prévu entre 2026 et 2031, afin de préserver ce joyau du patrimoine médiéval pour les générations futures.
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Vidéo de ce pont de Cahors
Plus récente que le pont de Cecco à Ascoli Piceno en Italie, voici une exploration par un drone du Pont Valentré:
Visiter le Pont Valentré
Depuis 1995, exclusivement réservé aux piétons. Gratuit et ouvert 24 h/24, il accueille environ 250 000 visiteurs annuels (chiffres 2017–2020).
Depuis les Allées des Soupirs, on accède au pont pour une balade bucolique ponctuée de vues romantiques sur le Lot. Événement phare : le feu d’artifice du 13 juillet s’illumine majestueusement sur l’ouvrage.
Crédit photo joningall.
Son adresse est : 571 Allée des Soupirs, 46000 Cahors, France.
Ses coordonnées GPS sont: 44° 26′ 42.20″ N, 1° 25′ 54.00″ E.
Voici sa position sur Google Maps:
Crédit photo joningall.
Sources pour aller plus loin
• Pont‑valentre.com – « Par qui et comment a été construit… »
• ETH Zurich, An Insight into the Building Process of Pont Valentré
• Société des Études du Lot – chronique sur la restauration
• Wikipédia
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