La résurgence du cimetière de Sad Hill, cimetière de "Le Bon, la Brute et le Truand"

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À environ 30 kilomètres au sud-est de Burgos, charmante ville de la région de Castilla y León, au nord de l’Espagne, se trouve le cimetière de Sad Hill, le célèbre cimetière de « Le Bon, la Brute et le Truand ».

La petite ville de Santo Domingo de Silos, située à 5 kilomètres, est le semblant de civilisation le plus proche. Pourtant, au milieu des collines arides et ensoleillées, plus de cinq mille tombes ornent le cimetière de Sad Hill.

Le cimetière de Sad Hill, un décor de western

On pourrait se demander qui sont ces individus, enterrés si loin de leur pays d’origine. Il s’avère que le cimetière de Sad Hill n’est pas un véritable cimetière, à l’instar de la station essence de « la colline a des yeux » à Ouarzazate, mais seulement un décor de cinéma complexe créé pour servir de toile de fond à la scène finale de la quintessence du western spaghetti.

Cementerio de Sad Hill par santiago lopez-pastor (CC BY-SA 2.0)

Réalisé par le réalisateur et producteur italien Sergio Leone, « Le Bon, la Brute et le Truand » a été tourné principalement en Espagne, sur le terrain accidenté des montagnes de Demanda et de la vallée d’Arlanza, près de Burgos, en raison de sa similitude géographique avec le sud-ouest des États-Unis (malgré l’absence de cactus Saguaro), où l’histoire est censée se dérouler.

Le film a été tourné dans quatre lieux clés des environs : le monastère de San Pedro de Arlanza, devenu l’hôpital missionnaire de San Antonio ; la rivière Pisuerga à Hortigüela, qui est devenue le site du champ de bataille de la guerre civile américaine dans le film ; les faubourgs de Carazo, transformés en vaste camp de prisonniers de Betterville ; et Santo Domingo de Silos, transformé en cimetière de Sad Hill.

Mesurant 300 mètres de diamètre et comportant plus de 5 000 pierres tombales, le cimetière a été construit avec l’aide plusieurs centaines de soldats espagnols. Pour chaque journée de travail au cours de cet été caniculaire de 1966, la compagnie payait à chaque soldat 250 pesetas (1,50 €), et certains fonctionnaires recevaient jusqu’à 900 pesetas (5,41 €). Soucieux de montrer son intérêt pour le cinéma, le dictateur espagnol Francisco Franco a même mis à la disposition du réalisateur Sergio Leone quelques 1 000 figurants pour le film.

Crédit photo Voyagerix/DepositPhotos.

Un décor abandonné retrouvé par des fans

Une fois le tournage terminé, tout le monde a fait ses valises et est parti, et le cimetière a été abandonné, oublié. Au fil des années, la nature a envahi les lieux, les plantes grimpantes serpentant sur les croix, les faisant basculer, transformant finalement le site en une prairie herbeuse.

Cinquante ans plus tard, un groupe de passionnés se faisant appeler l’Association culturelle de Sad Hill s’est lancé dans une quête pour localiser précisément l’emplacement du cimetière. Armés d’images fixes de la scène finale du film, ils ont méticuleusement retracé les coordonnées du cimetière. En 2015, ils ont commencé le processus minutieux de fouille du site.

Grâce à une stratégie de financement participatif unique, où pour 15 €, chacun pouvait inscrire son nom, son surnom ou ses initiales sur une croix, ainsi que des dons et des bénévoles de France, d’Allemagne, de Turquie, d’Italie et des États-Unis, les membres de l’association ont arraché les herbes et pelleté la terre pour découvrir les pierres et les tombes cachées.

Leurs travaux ont été enregistrés dans Sad Hill Unearthed , un documentaire du cinéaste et cinéphile espagnol Guillermo de Oliveira.

Sad Hill vista xeral 01.jpg par Estevoaei (CC BY-SA 4.0).

Lorsque Oliveira a entendu parler pour la première fois de l’idée de l’association, il a été intrigué :

J’adore visiter les lieux où les films ont été tournés. J’ai visité le barrage où a été tourné le début de Goldeneye, les décors de Star Wars en Tunisie, la falaise que Thelma et Louise franchissent à la fin du film et le restaurant de Heat à Los Angeles.

(Les alentours de Tozeur en Tunisie ont servis de décor à Star Wars.)

Même s’il n’avait pas initialement prévu de tourner un documentaire, Oliveira a été ému par le dévouement et la persévérance des bénévoles.

J’ai juste été frappé par la belle idée des fans du film qui voulaient le ramener tel qu’il était… C’était peut-être une idée magnifiquement folle, mais elle l’était quand même. C’était un rêve.

Oliveira et sa caméra ont suivi les volontaires alors qu’ils utilisaient des houes, des pelles et des brouettes pour dégager le cimetière de Sad Hill. Ils ont retrouvé un certain nombre de figurants locaux du western et les ont interviewés. Avec son équipe, ils ont également interviewé le compositeur Ennio Morricone et des fans célèbres du film, dont le réalisateur de Gremlins Joe Dante, James Hetfield, le chanteur de Metallica, et Clint Eastwood lui-même.

Sad Hill Unearthed est sorti en 2017 et est désormais disponible sur Netflix.

Aujourd’hui, le cimetière de Sad Hill est une attraction populaire et attire de nombreux visiteurs et fans du film.