Le château de Bishop, un château "médiéval" au pays des cowboys

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Imaginez un château de style médiéval, avec des tourelles, des vitraux, un dragon cracheur de feu et des passerelles vertigineuses… non pas en Écosse ou en Allemagne, mais en plein Colorado, au pays des cowboys et des pickups. Bienvenue au château de Bishop (Bishop’s Castle), l’œuvre démesurée d’un seul homme, Jim Bishop, qui a littéralement bâti son rêve pierre par pierre, sans permis, sans plan, sans relâche.

Crédit photo lePhotography (CC BY-NC-ND 2.0).

Une cabane qui dérape

Tout commence en 1959, lorsque le jeune Jim Bishop, 15 ans à peine, achète avec ses parents un petit terrain au cœur de la forêt nationale de San Isabel pour la modique somme de 450 dollars. À l’origine, l’idée est simplement de construire une cabane pour les vacances. Mais Jim, comme tout bon artiste incompris, voit les choses en grand. Très grand.

Crédit photo Patrick Kuhl (CC BY-NC 2.0).

Dès 1969, il commence à empiler les pierres – littéralement – et, année après année, son abri devient une tour, puis deux, puis un château tout droit sorti d’un rêve de forgeron médiéval un peu fou. Aujourd’hui, Bishop Castle s’élève à près de 48 mètres de haut, pour un poids estimé à 50 000 tonnes de pierres, toutes posées à la main par Jim.

Crédit photo _mountaingirl (CC BY-NC 2.0).

Entre légende et fantaisie

L’apparence délirante du château n’est pas sans rappeler le fameux Palais Idéal du facteur Cheval, l’univers de Tolkien et même – par endroits – la famille Addams : un joyeux capharnaüm gothique, à la fois majestueux, biscornu et indomptable.

Crédit photo wgossett (CC BY-NC-SA 2.0).

On y trouve :
• des tours vertigineuses (sans garde-corps réglementaire, âmes sensibles s’abstenir),
• des passerelles suspendues à la limite de la gravité,
• des vitraux colorés dignes d’une cathédrale,
• et même un dragon en fer qui crache du feu (ou du moins, il l’a fait un temps via un système de cheminée, tout le monde ne peut pas entretenir un Zmei Gorynich).

Crédit photo Natalie Hegert (CC BY-NC-SA 2.0).

Bishop’s Castle possède un charme à nul autre pareil : certains visiteurs le voient comme un terrain d’aventure grandeur nature, d’autres comme un OVNI architectural (toutefois loin du styles des maisons en forme d’UFO). Beaucoup saluent le courage et la ténacité de Jim Bishop, qui a relevé seul, contre vents et marées, ce défi monumental.

Crédit photo Wavy1 (CC BY-NC-SA 2.0).

Un homme contre le monde (et l’administration)

Jim Bishop n’a pas construit que des murs : il s’est aussi battu contre l’administration locale. Les autorités forestières ont tenté à plusieurs reprises de lui interdire l’usage des pierres issues de la forêt voisine, l’artiste préférant des matériaux robustes à de la récupération comme d’autres peuvent le faire. Il a aussi dû retirer les panneaux de signalisation qu’il avait lui-même installés sur la route pour guider les visiteurs.

Crédit photo Wavy1 (CC BY-NC-SA 2.0).

Mais Jim ne s’est jamais laissé abattre. Il a continué à construire, à souder, à hisser ses pierres sur des poulies artisanales, malgré les blessures, les critiques et même un incendie qui, en 2018, a détruit la maison d’hôtes et la boutique de souvenirs.

Crédit photo lePhotography (CC BY-NC-ND 2.0).

Un héritage en métal et en légende

Jim Bishop est décédé le 21 novembre 2024, laissant derrière lui un monument aussi délirant que fascinant. Son fils, Dan Bishop, a repris le flambeau (sans mauvais jeu de mot avec le dragon) pour entretenir et faire vivre ce lieu hors normes. Le château continue d’émerveiller les voyageurs curieux, les photographes en quête de décors improbables, et les amateurs de projets fous réalisés avec des moyens dérisoires mais une volonté en acier trempé.

Crédit photo Peter Ciro (CC BY-NC-ND 2.0).