Le bec-en-sabot du Nil (Balaeniceps rex) ou Abu-Markub est un oiseau emblématique des marécages d’Afrique centrale et orientale, souvent surnommé “l’oiseau préhistorique” en raison de son apparence particulière et de son allure rappelant les dinosaures.
S’il est surnommé « oiseau-dinosaure » ou même « Velociraptor des marais », il doit toutefois son nom à son énorme bec plus gros que sa tête, en forme de sabot jaunie.
Shoebill par Matt Myers (CC BY-NC 2.0).
Un géant des marais
Originaire des marécages d’Afrique centrale et de l’Est, notamment en Éthiopie, Ouganda, Soudan du Sud et Zambie, le bec-en-sabot du Nil est un mastodonte parmi les oiseaux : il mesure en moyenne 1,20 m à 1,50 m de haut, avec une envergure pouvant atteindre 2,30 m à 2,60 m et un poids de 4 à 7 kg.
Mais son arme fatale reste son bec : long d’environ 20 à 24 cm, large, crochu à l’extrémité, il lui permet de capturer poissons-chats, tilapias, grenouilles, serpents, bébés crocodiles et même de petits varans.
Ce bec est à l’origine de son nom, car il évoque un sabot de cheval renversé. Il est recouvert de kératine, une matière proche de nos ongles, et est parfaitement adapté à son régime alimentaire carnassier.
Crédit photo muzina_shanghai (CC BY-NC-ND 2.0).
Le bec-en-sabot du Nil, prédateur des marécages
Perché sur ses grandes pattes, l’oiseau passe beaucoup de temps immobile à observer son environnement, notamment dans l’attente d’une proie. Lorsque celle-ci se présente, il bascule en avant avec une vitesse foudroyante, son large bec ouvert pour attraper sa pitance.
C’est un prédateur qui se nourrit principalement de poissons en particulier des poissons-poumons (Protopterus), mais n’hésite pas à mettre également à son menu des bébés crocodiles, des grenouilles des varans ou même des tortues et de jeunes oiseaux aquatiques. On pourrait bien imaginer ses ancêtres attaquer de bien plus grosses proies.
En plus de son physique impressionnant, cet oiseau émet un caquètement qui ressemble à un tir de mitraillette. Ce son est produit en claquant rapidement son bec et est émis lors de la parade nuptiale, pour signaler sa présence, pour défendre son territoire, lors de l’éclosion des œufs ou pour communiquer avec ses congénères.
Crédit photo prochazka.foto.
Une lignée préhistorique
Le look du bec-en-sabot, avec ses pattes démesurées, son cou massif et son plumage gris bleuté, évoque les théropodes, un groupe de dinosaures carnivores qui inclut les célèbres vélociraptors.
Si comme tous les oiseaux, il est un lointain descendant des dinosaures, sa posture, ses mouvements lents et son regard fixe renforcent le rappel de cette lignée.
Crédit photo riverriver.
Habitat et mode de vie
Le bec-en-sabot niche dans les marécages peu profonds, les zones humides et les berges inondées et se reproduit durant la saison sèche, lorsque les niveaux d’eau sont bas.
Le couple construit un nid gigantesque, d’environ 1 à 2 m de diamètre, souvent posé sur des plantes flottantes. La femelle pond généralement un à trois œufs, mais souvent, seul un poussin survit — un exemple de ce qu’on appelle le caïnisme, où le plus fort élimine ses frères et sœurs pour monopoliser les ressources parentales.
L’espèce est plutôt solitaire et territoriale, sauf pendant la période de reproduction.
Le bec-en-sabot du Nil peut vivre jusqu’à environ 36 ans à l’état sauvage (ce qui est largement en dessous des 70 ans de Wisdom l’albatros de Laysan) et sait défendre de façon agressive son nid et ses poussins. Les jeunes mettent plusieurs années à atteindre la maturité sexuelle.
Shoebill par Michelle Bender (CC BY-NC-ND 2.0).
Un échassier en danger
Aujourd’hui, le bec-en-sabot est classé vulnérable par l’UICN, avec une population estimée entre 3 300 et 5 300 adultes à l’état sauvage (et jusqu’à 8 000 individus au total).
Ses principales menaces ? La destruction des zones humides, le drainage des marécages pour l’agriculture, la pollution, la chasse et même le commerce illégal d’oiseaux exotiques. Dans certaines régions, il est également chassé pour sa chair et d’autres tués car considéré de mauvais augure.
Certains projets de conservation menés par diverses ONG et organismes internationaux visent à préserver son habitat et sensibiliser les populations locales à son importance écologique, notamment en Ouganda et en Tanzanie.
Shoebill par Lorianne DiSabato (CC BY-NC-ND 2.0).
Anecdotes et faits surprenants
• Il peut vivre jusqu’à 36 ans à l’état sauvage, voire plus en captivité.
• Il est surnommé « oiseau mitraillette » à cause du bruit de son bec.
• Malgré son air féroce, il n’est pas dangereux pour l’humain, sauf si vous avez l’imprudence d’approcher son nid.
• Ses yeux jaune perçant et son immobilité légendaire le rendent particulièrement photogénique : les photographes animaliers en raffolent.
Crédit photo pyty.
Photos du bec-en-sabot du Nil
Cousin lointain du héron noir qui chasse en formant un parapluie de son corps, voici quelques autres images du bec-en-sabot du Nil ou le digne descendant du vélociraptor:
Shoebill par Justin (CC BY 2.0).
Shoebill Heron_9 par Josh More (CC BY-NC-ND 2.0).
Shoebill par Yusuke Miyahara (CC BY-NC 2.0).
Shoebill (Balaeniceps rex) par Emilie Chen (CC BY-ND 2.0).
Ueno zoo, Tokyo, Japan par pelican (CC BY-SA 2.0).
Ueno zoo, Tokyo, Japan par pelican (CC BY-SA 2.0).
Crédit photo muzina_shanghai (CC BY-NC-ND 2.0) .
Shoebill Stork (Balaeniceps rex) par Heather Paul (CC BY-ND 2.0).
Crédit photo urasimaru (CC BY-SA 2.0).
Balaeniceps rex par muzina_shanghai (CC BY-NC-ND 2.0) .
Shoebill #2 par James Gaither (CC BY-NC-ND 2.0).
Un oiseau qui semble attendre son heure:
Houston Zoo par Josh Henderson (CC BY-SA 2.0).
Vidéo du bec-en-sabot du Nil
Oiseau à l’air moins sympathique que l’engoulevent oreillard, voici une petite vidéo sur le bec-en-sabot du Nil le montrant notamment en plein repas:
Sources pour aller plus loin
• IUCN Red List
• BirdLife International
• Environmental Literacy Council
• Earth.com (régime alimentaire)
• 2tout2rien – caquètement mitraillette
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