On dirait un petit alien hilare qui aurait chaussé des babouches orange et jaunes… Pourtant, cette fleur extraterrestre heureux (happy alien au vu de son look) existe bel et bien ici, sur Terre ! Son nom scientifique : Calceolaria uniflora, surnommée affectueusement le sabot ou pantoufle de Darwin. Venue tout droit des paysages battus par les vents de Patagonie, cette mini-merveille botanique séduit les scientifiques, amuse les promeneurs et attire les photographes en quête de curiosités naturelles.
Crédit photo Anita Gould (CC BY-NC 2.0).
Une fleur insolite des Andes et de Patagonie
Calceolaria uniflora pousse dans les zones froides et rocailleuses du sud de l’Amérique du Sud — principalement la Patagonie chilienne et argentine et la Terre de Feu. Elle affectionne les sous-bois et peut même se retrouver dans des zones montagneuses à des altitudes toutefois moindre que la puya de Raimondi.
C’est une petite plante alpine qui dépasse rarement les 10-20 cm de haut. Ses fleurs arborent des teintes jaune orangé avec une bande blanche rectangulaire, très visible, comme un sourire figé sur un visage floral.
La morphologie singulière de cette fleur extraterrestre n’est pas que décorative : elle cache une stratégie de pollinisation absolument géniale…
Crédit photo Anita Gould (CC BY-NC 2.0).
Une pollinisation digne d’un scénario extraterrestre
Si elle attire les insectes et les petits colibris avec du nectar, la pantoufle de Darwin a aussi une autre méthode.
Elle produit une excroissance sucrée sur sa lèvre blanche destinée à un oiseau patagonien peu connu, le seedsnipe (Thinocorus rumicivorus), petite bécassine des marais.
L’oiseau vient picorer cette petite “friandise”, appuie sur la partie supérieure de la fleur… et se retrouve involontairement couvert de pollen, qu’il transporte ensuite à la fleur suivante. Un partenariat à la Pixar, parfaitement ajusté !
Ce type d’adaptation malicieuse n’est pas unique dans le monde végétal. On retrouve des stratégies spectaculaires chez de nombreuses espèces comme l’orchidée canard volant.
Crédit photo Andrew Purdam (CC BY-NC-ND 2.0).
Pourquoi “pantoufle de Darwin” ?
Le nom Calceolaria vient du latin calceolus — “petit soulier” — en référence directe à la forme de la fleur. Et uniflora rappelle qu’elle ne produit qu’une seule fleur par tige.
Charles Darwin lui-même a observé cette espèce lors de son voyage en Patagonie. La silhouette de la fleur, avec sa large “bouche” blanche et ses deux pétales supérieurs, évoque la tête d’un extraterrestre joyeux, un peu comme ceux des dessins animés vintage. Elle a d’ailleurs porté un temps le nom de Calceolaria darwinii: sabot ou pantoufle de Darwin.
Son look atypique la fait figurer dans notre article “17 fleurs qui ressemblent à autre chose” au côté d’autres végétaux étonnants comme l’orchidée berceau de Vénus.
Crédit photo Juan José Sánchez (CC BY-NC-SA 2.0).
Comment cultiver une fleur extraterrestre heureux ?
Cultiver Calceolaria uniflora chez soi, c’est un peu comme adopter un petit alien botanique : c’est possible, mais il faut bien préparer son environnement:
Paramètre | Exigence |
---|---|
Lumière | Vive indirecte ou mi-ombre, sans soleil brûlant |
Substrat | Très drainant (terreau léger + sable/perlite) |
Arrosage | Modéré, laisser sécher en surface entre deux apports |
Température | Fraîche à modérée (15–20 °C), craint la chaleur |
Multiplication | Par semis (graines minuscules) |
Elle déteste l’humidité stagnante, supporte mal les fortes chaleurs et n’aime pas être trop manipulée. Mais pour les jardiniers patients, la récompense est spectaculaire : une mini-fleur extraterrestre souriante sur votre balcon.
Crédit photo Tabaré Barreto (domaine public)
Sources pour aller plus loin
• Wikipédia
• Patagonia Wildflowers
• MyPlantIn
• Greg App
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