L'île de Vozrozhdeniya , la plus mortelle île empoisonnée

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Dans la mer d’Aral se trouvait l’île de Vozrozhdeniya ou île de la Renaissance, désormais une péninsule, la plus mortelle île empoisonnée à la bacille du charbon et d’autres maladies léthales étudiées par les chercheurs soviétiques sur la guerre biologique.

A l’époque où cette mer était la quatrième du monde, le lieu était très isolé, seulement connu au 19ème siècle, et appelé du doux nom de Aralsk-7.

Un endroit difficile à dénicher pour l’intelligence occidentale et qui paraissait adéquat pour y développer en secret des armes bactériologiques.

mer d’Aral en 1994. Crédit photo NASA Johnson (CC BY-NC 2.0).

Une île empoisonnée

Les soviétiques affectionnaient ce genre d’endroits et de recherches, le mystérieux fort Alexander en témoignant également.

Durant de nombreuses années, Aralsk-7 a été une base de test sur la maladie du charbon, la variole et même la peste ainsi que des maladies comme la tularémie, la brucellose ou le typhus.

Des virus et des bactéries qui ont fini par infester les sols, l’île devenant le lieu d’incidents sinistres aux raisons plus réalistes que ceux liés au triangle des Bermudes.

En 1971, une jeune scientifique est tombée malade après que son navire de recherche ait traversé une brume brunâtre près de l’île. Elle a été diagnostiquée comme atteinte de variole, bien que vaccinée contre cette maladie et a fini par infecter neuf autres personnes, dont trois sont décédées.

Un an plus tard, les cadavres de deux pêcheurs disparus ont été retrouvés flottant dans leur bateau près de l’île. Ils étaient apparemment morts de la peste.

Les histoires d’habitants tirant des filets pleins de poissons morts abondent dans la région autour de Vozrozhdeniya, et en mai 1988, 50 000 antilopes saïgas qui broutaient dans une steppe voisine sont tombées mortes de causes mystérieuses en à peine une heure.

Sa réputation est si sombre que depuis que l’ancienne île – aujourd’hui 10 fois plus grande et reliée au continent (voir ici le triste assèchement de la mer d’Aral) – a été évacuée dans les années 1990, seules quelques expéditions y ont été organisées depuis.

Des poisons enterrés

Le mystère des horreurs biologiques qui ont été testées ici tient la population à distance, tout comme le fait que des centaines de tonnes d’anthrax ont été déversées: en 1988, les Soviétiques ont décidé que jouer avec la maladie du charbon était un jeu dangereux et ont déversé de 100 à 200 tonnes de boue d’anthrax des fosses géantes et oubliées.

L’URSS ne s’embarrassait pas vraiment des problèmes sanitaires ni écologiques, voir le lac Karatchay, le lac le plus radioactif du monde.

Le problème avec la bacille du charbon (bacillus anthracis) est que ses spores sont très difficiles à tuer et peuvent survivre sous terre pendant des centaines d’années. Être baignées dans un désinfectant et rôti à 180 degrés Celsius ne semble pas non plus les déranger.

Pour couronner le tout, l’emplacement précis de ces fosses sur l’île de la Renaissance n’a jamais été divulgué, mais, par chance, elles étaient si grandes qu’elles étaient visibles de l’espace.

mer d’Aral en 1994. Crédit photo NASA Johnson (CC BY-NC 2.0).

Craignant que les bacilles du charbon ne se retrouvent entre les mains de terroristes, les États-Unis ont envoyé des spécialistes à Vozrozhdeniya pour faire des tests et nettoyé les lieux en 2002. Des milliers de kilogrammes d’eau de Javel en poudre puissante ont été utilisés par des équipages équipés de combinaisons de protection, détruisant de 100 à 200 tonnes de bacille du charbon en trois mois.

Une opération de nettoyage qui n’a pas mis complètement fin à la menace, les experts stipulant qu’il reste encore des bactéries dans des dépotoirs, dans des fosses avec des cadavres d’animaux infectés et même dans des tombes de victimes humaines sur ce site partagé entre Kazakhstan et Ouzbékistan.