Henri Privat-Livemont : le magicien de l’Art nouveau belge

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Henri Privat-Livemont (1861-1936) est une figure majeure de l’Art Nouveau en Belgique. Artiste polyvalent, il a marqué son époque par ses affiches élégantes, ses illustrations, ses vitraux et ses panneaux décoratifs.

Son style, reconnaissable entre tous, s’est imposé comme un symbole du mouvement Art Nouveau, grâce à ses compositions raffinées, ses lignes sinueuses et ses motifs floraux inspirés à la fois des estampes japonaises et de la nature.

Un parcours artistique entre Paris et Bruxelles

Après avoir étudié à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Privat-Livemont débute sa carrière à Paris de 1883‑1889, au cœur de la scène artistique de la Belle Époque. Il travaille sur les décors du Hôtel de Ville, de l’Opéra Garnier et de la Comédie‑Française, sous la houlette de Lavastre, Duvignaud et Lemaire. C’est là qu’il découvre l’art de l’affiche, qui connaît alors un âge d’or.

De retour en Belgique, il s’impose rapidement comme l’un des principaux affichistes du pays, réalisant des œuvres qui captivent par leur grâce et leur précision technique. Professeur à l’école de dessin industrielle de Schaerbeek, il réalise également de majestueux plafonds décoratifs, notamment dans les casinos d’Ostende – hélas, la plupart disparaîtront.

L’Affiche Robette et la consécration

1896 : coup de tonnerre pastel. Henri signe l’affiche de l’Absinthe Robette, aujourd’hui icône absolue de l’Art nouveau. Une femme vaporeuse, en tenue légère, brandit une coupe d’absinthe dans un halo de volutes florales. Le tout en lithographie, technique reine de l’époque, que Privat-Livemont maîtrise avec brio.

Il enchaîne les chefs-d’œuvre : Casino de Cabourg, Chocolat Van Houten, Bitter Oriental… Ses affiches sont publiées dans la prestigieuse collection Les Maîtres de l’Affiche, aux côtés de Mucha, Toulouse-Lautrec ou Chéret.

L’art du détail : quand technique rime avec esthétique

Privat-Livemont n’était pas qu’un poète visuel. Il était aussi un technicien méticuleux. Chaque affiche passait par plusieurs calques de couleurs, dessinés à la main sur pierre lithographique. Lignes fluides, couleurs harmonieuses, typographie décorative, tout est pensé pour hypnotiser l’œil du passant… et aujourd’hui, celui du collectionneur.

Son style ? Des figures féminines sensuelles, stylisées, souvent nimbées de motifs floraux ou végétaux. Une signature graphique immédiatement reconnaissable, nourrie d’influences japonaises (le fameux japonisme) et d’un sens aigu de la composition.

Plus qu’un affichiste : un touche-à-tout du décor

On lui doit aussi des mosaïques, des sgraffites, des vitraux (notamment pour la Maison de Blanc à Bruxelles en 1897), et même des illustrations de livres. Pendant la Première Guerre mondiale, il se fait caricaturiste pour la presse, preuve qu’il savait aussi manier le trait pour faire sourire.