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Helen Duncan, la dernière sorcière britannique

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Helen Duncan est une écossaise célèbre comme la dernière sorcière britannique, la dernière femme en tout cas à être condamnée en 1944 selon le Witchcraft Act de 1735.

Une médium qui mettait en scène des ectoplasmes et dont l’activité avait suscité une forte polémique à l’époque entre ses partisans et ses opposants.

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le Witchcraft Act de 1735, une protection des accusations de sorcellerie

Cette loi stipulait que toute personne prétendant exercer la sorcellerie, la conjuration, l’évocation de sort ou même la prédiction de l’avenir pouvait être accusée d’escroquerie et passible d’amende et d’emprisonnement.

Egalement, accuser une autre de sorcellerie ou d’avoir des pouvoirs magiques était un crime passible également d’amende et de prison, une façon de mettre fin aux chasses aux sorcières et à leurs exécutions.

Avant le Witchcraft Act de 1735, l’accusation de sorcellerie allait bon train et des dizaines de milliers de personnes ont fini au bûcher comme par exemples les sorcières de Salem aux USA.

Helen Duncan, médium aux ectoplasmes

Helen Duncan est née Helen MacFarlane à Callander, en Écosse, en 1897. Déjà enfant, Helen était une manipulatrice qui revendiquait un don de clairvoyance, terrorisait ses camarades de classe en prédisant l’avenir et la destruction au grand désarroi de sa mère fervente membre de l’église presbytérienne.

À l’âge de 18 ans, elle a épousé Henry Duncan, un ancien combattant blessé et le couple a eu six enfants.

Pour subvenir aux besoins de sa famille nombreuse, Helen, encouragée par son mari, a commencé à organiser des séances de spiritisme et à appeler les esprits. Très vite, elle s’est mise à voyager à travers la Grande-Bretagne pour organiser des séances et apporter du réconfort aux familles en deuil, leur permettant parler à leurs proches décédés dans le monde des esprits.

L’une de ses astuces consistait à produire une substance visqueuse d’un autre monde connue sous le nom d’ectoplasme de sa bouche et de son nez, qui se transformait ensuite en êtres physiques des esprits venant communiquer avec leurs proches. La médium a réussi à tromper de nombreux érudits avec ses supercheries, parmi eux Sir Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, qui était pourtant connu pour ses facultés de déductions logiques.

Vincent Woodcock était un témoin qui a affirmé qu’Helen Duncan avait changé sa vie. Lors du procès de Duncan en 1944, Woodcock a affirmé que sa femme décédée était apparue dans 19 séances auxquelles il avait assisté sur une période de trois ans. Lors d’une des transes, il a amené sa belle-soeur et l’ectoplasme sorti de la bouche de Helen Duncan, l’épouse décédée , a demandé à Woodcock et à sa belle-sœur de se marier. L’esprit a ensuite retiré l’alliance du doigt de son mari et l’a mise sur la paume de sa sœur, ajoutant « Je souhaite que cela se produise pour le bien de notre petite fille. » Un an plus tard, le couple s’est marié et est revenu pour une autre séance au cours de laquelle la femme décédée est apparue une fois de plus pour donner sa bénédiction à l’heureux couple.

Mais tout le monde ne partageait pas la foi de ses fidèles en ses pouvoirs surnaturels. En 1928, le photographe Harvey Metcalfe a assisté à l’une des séances de Duncan et a pris des photographies au flash des prétendus esprits. Les photographies ont révélé que les fameux esprits n’étaient rien de plus que des poupées fabriquées à partir d’un masque en papier mâché peint drapé dans un vieux drap.

D’autres photographes étaient moins honnêtes et plus retors, William Hope par exemple faisait apparaitre des esprits défunts dans ses clichés.

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Crédit photo Harvey Metcalfe (domaine public).

Trois ans plus tard, la London Spiritualist Alliance a enquêté sur Helen Duncan et a conclu que l’ectoplasme était fait d’étamine et de papier, mélangés à des blancs d’œufs. L’Alliance a également déterminé que Duncan avait avalé le supposé «ectoplasme» quelque temps avant sa représentation et l’avait régurgité pendant sa séance. Lorsque le comité l’a forcée à avaler un colorant avant l’une de ses séances, Duncan n’a produit aucun ectoplasme.

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Crédit photo Harry Price.

Elle s’est par la suite échappé du laboratoire de physique où le chercheur Harry Price voulait la radiographier dans le cadre de ses analyses sur le phénomène.

La supercherie fini d’être levée lors d’une séance publique à Édimbourg en 1933. Au cours de la séance, l’esprit d’une petite fille appelée Peggy a émergé. Une personne du public s’est précipitée sur la forme émergente et les lumières se sont allumées. L’esprit s’est révélé être fabriqué à partir d’un sous-vêtement en jersey. Duncan a été accusée de fraude et condamnée à une amende de 10 £.

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Un morceau d ‘«ectoplasme» , de la soie artificielle, à la bibliothèque de l’université de Cambridge.

Helen Duncan, dernière sorcière britannique

Malgré tout, sa carrière de médium s’est poursuivie, notamment durant la seconde guerre mondiale où de nombreuses familles ont fait appel à ses services pour revoir des membres décédés des affrontements.

En 1941, lors d’une de ses séances à Portsmouth, quartier général de la Royal Navy, un marin décédé se serait matérialisé et aurait révélé qu’un cuirassé britannique, le HMS Barham avait coulé avec plus de 800 personnes à bord, torpillé par un U-Boat allemand. La nouvelle a été un choc pour les personnes présentes car cette tragédie n’était annoncée nulle part. Pourtant, l’information s’est avérée vraie : le HMS Barham avait en effet coulé quelques jours plus tôt, mais la nouvelle n’a pas été rendue publique et seulement révélée aux proches des victimes qu’en toute confidentialité. Avec plus de huit cents familles touchées, la nouvelle n’était pas un secret bien gardé et Duncan avait apparemment eu vent de la tragédie et décidé de l’utiliser à son avantage.

Mais la Marine n’allait pas prendre de risques. Et si Helen Duncan était vraiment clairvoyante ? Et si elle révélait des informations militaires classifiées à l’ennemi ? Dans cette période critique, le gouvernement britannique a ordonné l’arrestation de Duncan. Le 19 janvier 1944, deux policiers en civil se sont rendus à une séance qui se déroulait à Portsmouth. Lorsqu’une manifestation enveloppée de blanc est apparue, les policiers ont bondi sur la silhouette qui s’est avéré qu’il s’agissait de Duncan elle-même vêtue d’un tissu blanc. (Elle ne portait pas de pantalon de peau humaine comme les sorciers islandais)

Duncan a été arrêté et initialement inculpé en vertu de la loi sur le vagabondage de 1824, une infraction mineure. Mais les autorités ont finalement sorti l’article 4 de la loi sur la sorcellerie qui couvrait les activités spirituelles frauduleuses et entraînait une plus lourde peine de prison. Le procès qui a suivi a fait sensation dans les médias. De nombreux témoins ont été appelés à la barre et certains ont rappelé leurs expériences en défendant Duncan. Mais le jury n’a pas été ému et le juge a condamnée la dernière sorcière britannique à 9 mois de prison. Il faut dire que le crime était bien plus léger que celui de Baba Anujka, la sorcière de Banat.

A sa sortie de prison, Helen Duncan, malgré sa promesse au tribunal de cesser ses activités, a poursuivi ses séances de spiritisme. Elle a été une nouvelle fois condamnée en 1956 et est morte peu de temps après.

L’abrogation du Witchcraft Act

Son procès médiatisé a amené l’abrogation de la loi sur la sorcellerie. Winston Churchill était furieux lorsqu’il a appris qu’un acte archaïque était utilisé dans un tribunal moderne. Il a envoyé une lettre à Herbert Morrison au ministère de l’Intérieur, dans laquelle il a écrit:

Let me have a report on why the Witchcraft Act, 1735, was used in a modern Court of Justice… What was the cost of this trial to the State, observing that witnesses were brought from Portsmouth and maintained here in this crowded London, for a fortnight, and the Recorder kept busy with all this obsolete tomfoolery, to the detriment of necessary work in the Courts?

En 1951, le Witchcraft Act 1735 a été abrogé avec la promulgation du Fraudulent Mediums Act 1951, en grande partie à l’instigation des spirites par l’intermédiaire de Thomas Brooks, un député du Parti travailliste.

À plusieurs reprises, des descendants et des partisans de Helen Duncan ont fait campagne pour la faire pardonner à titre posthume des accusations de sorcellerie, mais à maintes reprises, le Parlement écossais a rejeté ces pétitions.

Via Amusing Planet.

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