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George V et Nicolas II : cousins, sosies et tragédies impériales

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Difficile d’évoquer le destin des monarchies européennes du début du XXe siècle sans parler de George V et Nicolas II. Ces deux cousins, rois de deux grandes puissances, avaient tellement de ressemblances physiques qu’on les prenait pour des jumeaux en uniforme. Pourtant, leurs destins ont pris deux directions opposées : la survie d’une monarchie constitutionnelle d’un côté, et l’effondrement sanglant d’un empire de l’autre.

Leur histoire est un fascinant mélange de liens de sang, de fastes aristocratiques et de tragédies irréversibles.

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Deux cousins aux visages miroir

George V (1865-1936), roi du Royaume-Uni, et Nicolas II (1868-1918), dernier tsar de Russie, étaient premiers cousins par leurs mères, toutes deux princesses danoises. Les photos officielles de l’époque montrent des barbes taillées presque à l’identique, des uniformes chamarrés et des regards bleus qui brouillent les pistes.

Dans certaines archives photographiques, il est presque impossible de dire qui est qui. Cette ressemblance frappante saute aux yeux notamment dans les clichés pris lors de leurs rencontres à Cowes en 1893 ou à Reval en 1909, où les deux cousins posent côte à côte en uniforme naval. Pour les observateurs de l’époque, il fallait parfois lire la légende de la photo pour distinguer le roi du tsar.

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Entre monarchie absolue et monarchie constitutionnelle

Les ressemblances s’arrêtent aux apparences. Car si George V et Nicolas II partageaient le sang royal, ils n’avaient pas la même relation avec le pouvoir.

Nicolas II restait accroché à l’idée d’autocratie. Convaincu d’être l’oint de Dieu, il refusait de céder à la pression des mouvements ouvriers, nationalistes et libéraux. Son refus de réformer la Douma, son entêtement face aux crises sociales et ses défaites militaires précipitèrent la chute de la dynastie Romanov.

George V, lui, n’avait plus qu’un rôle symbolique. Dans une monarchie parlementaire, il devait composer avec l’opinion publique, les journaux et les élus. Au cœur de la Première Guerre mondiale, il a même rebaptisé sa dynastie en Maison de Windsor, effaçant le nom allemand Saxe-Cobourg-Gotha pour apaiser les sentiments patriotiques.

Ce contraste entre pouvoir absolu et monarchie limitée illustre à quel point George V et Nicolas II représentaient deux voies opposées de la royauté moderne.

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L’Europe des fastes et des intrigues

Avant que l’Histoire ne les rattrape, les deux cousins baignaient dans un univers où bals, portraits et alliances matrimoniales cimentaient les trônes européens.

Ainsi, l’épouse de Nicolas II, Alexandra Feodorovna, était la princesse Alix de Hesse, dont on peut admirer la beauté dans ces 20 portraits de jeunesse. Ces alliances tissaient une toile familiale où l’on retrouvait tous les grands noms de l’aristocratie européenne, souvent réunis dans des événements somptueux.

La cour impériale russe cultivait un goût prononcé pour l’opulence, comme en témoigne le dernier bal des Romanov en 1903, organisé à Saint-Pétersbourg. Ce fut un déploiement de luxe inouï, où costumes historiques, bijoux et velours masquaient les tensions sociales déjà explosives.

De même, en Angleterre, les fastes de la haute société brillaient lors du Bal de Devonshire House de 1897, où George V et les siens affichaient costumes et rangs comme autant de symboles de continuité monarchique.

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La révolution russe et l’hésitation britannique

Lorsque la révolution éclate en Russie en 1917, Nicolas II abdique. Son cousin George V se retrouve face à un dilemme : offrir l’asile aux Romanov ou les laisser à leur sort.
Initialement favorable à leur accueil, il se ravise sous la pression de son gouvernement et de l’opinion publique, qui voyait dans la famille impériale russe des symboles encombrants d’autocratie déchue.

Cette hésitation restera l’une des zones d’ombre du règne de George V. Car en juillet 1918, Nicolas II, Alexandra et leurs enfants sont exécutés à Iekaterinbourg. L’onde de choc traverse l’Europe, mettant fin à une lignée séculaire et laissant planer le sentiment d’une responsabilité partagée.

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George V et Nicolas II : symboles d’une époque révolue

L’un survécut, l’autre non. Mais tous deux symbolisent l’Europe des têtes couronnées, celle des bals, des intrigues et des scandales. Les histoires sentimentales des souverains britanniques, comme le sulfureux Édouard VII, père de George V, montraient déjà que la monarchie devait évoluer pour survivre.

Nicolas II, lui, incarna jusqu’au bout un modèle figé, incapable de se réformer, balayé par les révolutions et les guerres.

Aujourd’hui, quand on regarde côte à côte les photos de George V et Nicolas II, on a l’impression de voir deux hommes semblables… mais deux destins radicalement différents.

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Conclusion

L’histoire de George V et Nicolas II est celle d’un miroir brisé : deux visages jumeaux, deux familles liées par le sang, mais deux trajectoires qui illustrent la fin d’un monde.
Leur ressemblance reste un détail charmant, mais leur destinée rappelle que même les rois et tsars ne sont jamais plus forts que les bouleversements de l’Histoire.

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Sources pour aller plus loin

Brookings
Encyclopedia
History
Afisha.London
Royal Collection Trust
Spartacus Educational

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