Eugène Grasset : pionnier de l'Art Nouveau

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Né le 25 mai 1845 à Lausanne, Eugène Samuel Grasset grandit dans l’atelier de son père ébéniste et sculpteur. Très tôt, il se familiarise avec les matières nobles et les lignes élégantes. Après des études de dessin auprès de François-Louis David Bocion, puis d’architecture à Zurich, il découvre l’Égypte en 1866, un voyage qui nourrira durablement son goût pour les motifs décoratifs et symboliques.

Jeanne d’Arc, Sarah Bernhardt, 1889

Paris, objets de délectation

Arrivé à Paris en 1871, Grasset se lance dans une carrière foisonnante : graphisme, mobilier, bijoux, vitraux… rien ne lui échappe. Influencé par Viollet-le-Duc, il prône l’harmonie entre la fonction, la matière et le style.

Une approche que l’on retrouve également chez Georges Gaudy, autre affichiste qui a su marier design et fonctionnalité.

L’Art Nouveau naissant

Grasset est considéré comme l’un des pères de l’Art Nouveau. Son style, à la fois médiéval et japonisant, préfigure les grandes vagues décoratives qui marqueront la fin du XIXe siècle. Avec ses contemporains comme Alphonse Mucha, il contribue à transformer l’affiche publicitaire en œuvre d’art.

En cela, il se rapproche aussi de Jules Chéret, souvent surnommé le “père de l’affiche moderne”.

Œuvres graphiques marquantes

• En 1890, il crée le logo de Larousse avec la fameuse “semeuse”, devenue emblème intemporel.
• Il signe des affiches iconiques, comme celle de Jeanne d’Arc – Sarah Bernhardt.
• Ses collaborations internationales, notamment aux États-Unis (Harper’s Magazine, The Century Magazine), inspirent même des vitraux réalisés par Tiffany.

Enseignant et typographe

En plus de créer, Eugène Grasset enseigne aux Écoles Guérin, Estienne et à la Grande Chaumière. Son savoir-faire inspire une génération d’élèves. En typographie, il conçoit une police inspirée des caractères de Nicolas Jenson, commercialisée dès 1897 par Georges Peignot et présentée à l’Exposition universelle de 1900.

Vitraux, mosaïques et mobilier

Grasset réalise aussi des cartons pour vitraux, notamment à l’église Saint-Étienne de Briare et à la Chambre de commerce de Paris. Ses compositions y révèlent le même goût pour les entrelacs, la lumière et les harmonies chromatiques.

Il fonde ou cofonde de nombreuses sociétés pour promouvoir la création : la Société des artistes décorateurs, la Société internationale de l’art populaire, ou encore la Société de l’art décoratif français. Son discours prône l’intégration du beau dans les objets du quotidien, l’innovation et l’économie constructive, encourageant les créateurs à s’inspirer de la nature et des matériaux contemporains.