Avec ses couleurs flamboyantes et son nom digne d’un sortilège de Harry Potter, l’Érèse Sandalion (Eresus sandaliatus) est une petite araignée qui attire les regards autant qu’elle intrigue. Surnommée l’araignée coccinelle (ladybird spider) à cause de son abdomen rouge vif ponctué de taches noires, elle est l’une des plus jolies représentantes de la famille des Eresidae — et aussi l’une des plus menacées d’Europe.
Crédit photo bereta.
Un look ravageur et unique
Eresus sandaliatus présente un fort dimorphisme sexuel.
Chez cette espèce, comme souvent chez les araignées, c’est le mâle qui brille le plus avec son abdomen rouge orangé orné de 4 à 6 points noirs lui donnant une allure de coccinelle gothique. Il mesure entre 6 et 11 mm et ses pattes sont annelées de noir et de blanc, recouvertes de poils blanc-jaune.
Crédit photo aterisdrsny.
Les femelles, en revanche, sont plus discrètes : d’un noir ou gris velouté, également couverte de poils clairs. Elles sont de plus grande taille, jusqu’à 20 mm.
Crédit photo Tina Ellegaard Poulsen (CC BY 4.0).
Mais attention, derrière cette apparence charmante se cache une véritable spécialiste du camouflage et de la patience. L’Eresus sandaliatus vit en terrier, tissé de soie et camouflé dans la végétation basse, où elle attend ses proies… parfois pendant plusieurs mois.
A noter que si elle présente un look de coccinelle comme les autres du genre Eresus, elle n’imite pas l’insecte à la différence de sa cousine asiatique Paraplectana tsushimensis. Son look d’araignée coccinelle est là pour dissuader les prédateurs en donnant un signe de toxicité.
Crédit photo kimlf (CC BY-NC 4.0).
Un mode de vie étonnant
L’érèse sandalion vit principalement sous terre. La femelle creuse un terrier tapissé de soie, dont l’entrée est protégée par une toile solide mais discrète. Cette araignée chasse au sol, se nourrissant d’insectes robustes, parfois de gros scarabées, grâce à ses crochets puissants et à sa toile laineuse qui agit comme un velcro
La femelle peut vivre jusqu’à 4 ans, ce qui est plutôt long pour une araignée. Après l’accouplement, la femelle pond 35 à 90 œufs dans un cocon au fond du terrier. Une fois les œufs pondus, elle reste auprès d’eux, veillant, protégeant, et – moment tragique – finissant par se sacrifier. Oui, la mère meurt volontairement pour que ses petits puissent se nourrir de son corps, leur offrant ainsi le meilleur départ possible.
Crédit photo Christian Sørensen (CC BY-NC 4.0).
Le mâle, quant à lui, mène une vie courte mais colorée : il passe la majorité de sa vie juvénile sous terre, puis émerge pour trouver une partenaire en effectuant des parades nuptiales élaborées (toutefois moins dansantes que celles de l’araignée paon), se reproduire… et mourir peu après.
Crédit photo Gilles San Martin (CC BY-SA 4.0).
Une espèce rare et menacée
Cette espèce affectionne les milieux secs et sablonneux : landes, pelouses sèches, zones industrielles abandonnées ou encore dunes côtières. Elle ne subsiste que dans quelques pays européens, dont la Belgique, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suède. En Belgique, elle n’est présente qu’à Lommel, sur un ancien site industriel.
Crédit photo ole-ohm (CC BY-NC 4.0).
Autrefois présente dans de nombreuses régions d’Europe, l’araignée coccinelle est aujourd’hui gravement menacée. En Angleterre, elle avait même disparu de la plupart de ses sites historiques au XXe siècle. Son habitat préféré – les landes sèches, prairies sablonneuses et pelouses ouvertes – est de plus en plus grignoté par l’agriculture, l’urbanisation ou l’embroussaillement naturel.
Des programmes de conservation ont été lancés au Royaume-Uni, avec des relâchés de jeunes araignées élevées en captivité, des suivis de populations et la restauration de leurs habitats. Et surprise : les efforts paient ! On note un retour timide de cette espèce dans certaines zones du Dorset et du Shropshire.
Crédit photo Gilles San Martin (CC BY-SA 4.0).
L’araignée coccinelle et l’homme
Malgré ses couleurs vives, Eresus sandaliatus est totalement inoffensive pour l’homme. Sa morsure est rare et sans gravité, bien que quelques cas de réactions locales aient été rapportés.
Elle joue un rôle dans la régulation des insectes et sa présence est un indicateur précieux de la qualité des milieux naturels.
Crédit photo Bøje Rauff (CC BY-NC 4.0).
Vidéo de Eresus sandaliatus
Après Metagryne bicolumnata, l’arachnide à tête de loup, voici une vidéo de cette araignée coccinelle aussi belle que rare:
Sources pour aller plus loin
• British spider
• Wikipédia
• Spiders of Europe
• GBIF
Araignée atypique, découvrez également Hotwheels Sisyphus, l’araignée Hotwheels.









Triste sort en effet pour cette araignée femelle mais n’est ce pas le destin de toutes les mères qui d’une façon ou d’une autre se laissent dévorer par leurs enfants! A méditer…..