L’Empuse commune (Empusa pennata) est une espèce d’insecte appartenant à l’ordre des Mantodea et à la famille des Empusidae. Surnommée le « diablotin de Provence », elle intrigue par son apparence singulière et son comportement discret, faisant d’elle une véritable merveille de la faune méditerranéenne.
Crédit photo Frank Vassen (CC BY 2.0).
Le diablotin de Provence : une silhouette unique
L’Empuse commune arbore une morphologie atypique qui la distingue des autres mantes religieuses. Son corps élancé et filiforme est surmonté d’une tête oblongue munie d’un cône caractéristique. Ce dernier lui confère une allure quasi fantastique, rappelant une créature sortie d’un conte médiéval.
Le dimorphisme sexuel est marqué chez l’Empuse commune : les mâles possèdent de longues antennes bipectinées, leur donnant un aspect plumeux, tandis que les femelles ont des antennes plus simples et filiformes. La larve, le diablotin de Provence, mesure entre 3 et 4 cm de longueur, et à l’âge adulte l’Empuse commune atteint une taille comprise entre 5 et 6,7 cm, le mâle étant légèrement plus petit que la femelle.
Crédit photo Javier Díaz Barrera (CC BY-NC-ND 2.0).
Elle affiche Un mimétisme impressionnant, sa coloration variant entre des teintes de brun et de vert, lui permettant de se fondre parfaitement dans la végétation sèche et arbustive.
Comme toutes les mantes, l’Empuse est dotée de pattes ravisseuses redoutables, de pattes antérieures armées de piquants, idéales pour capturer ses proies. Rappelons que les mantes sont voraces, capables de manger des poissons et même des oiseaux.
Crédit photo Ferran Pestaña (CC BY-NC-SA 2.0).
L’Empuse commune, un insecte méditerranéen
L’Empuse commune est principalement présente dans le sud de la France, en particulier dans les zones méditerranéennes et certaines régions atlantiques. Elle affectionne les milieux chauds et secs, où elle peut se dissimuler aisément.
Ses biotopes privilégiés sont les garrigues, les prairies arides, les talus ensoleillés et les zones rocheuses peu végétalisées.
La présence du diablotin de Provence est discrète mais stable : bien qu’il ne soit pas menacé, sa répartition reste limitée à ces écosystèmes spécifiques.
Crédit photo Pierre Anquet (CC BY-NC-ND 2.0).
Cycle de vie : une métamorphose intrigante
Le développement de l’Empuse commune suit un cycle particulier qui diffère légèrement de celui d’autres espèces de mantes religieuses.
• L’apparition des adultes se fait entre mai et septembre.
• La ponte a lieu en été, les femelles déposant leurs œufs dans la végétation.
• Des larves hivernantes : les jeunes Empuses, appelées « diablotins », traversent l’hiver sous forme larvaire, bien protégées dans les hautes herbes et buissons secs.
• Reprise du développement au printemps : avec le retour des températures clémentes, elles entament une croissance accélérée.
• Maturité adulte atteinte entre mai et juin, en fonction des conditions climatiques et de la disponibilité en nourriture.
Crédit photo Mkrc85 (CC BY-SA 4.0).
Une chasseuse discrète et efficace
L’Empuse commune est un prédateur diurne qui mise sur son mimétisme pour chasser efficacement. Contrairement à certaines mantes religieuses plus agressives, elle adopte une technique d’embuscade passive.
Elle se nourrit principalement d’insectes de petite taille, comme les mouches et les petits orthoptères.
Curiosité comportementale, les mâles sont attirés par la lumière. Sensibles aux sources lumineuses artificielles, cela peut parfois les amener à des rencontres improbables avec les humains.
Crédit photo K. Günter Sturm (CC BY-NC-SA 2.0).
Un joyau discret de la biodiversité à préserver
L’Empuse commune ne figure pas parmi les espèces menacées, mais la destruction de son habitat naturel, due à l’urbanisation et aux changements climatiques, pourrait impacter ses populations à long terme.
• Préserver les milieux ouverts et secs : la conservation des garrigues et prairies sèches est essentielle pour garantir la pérennité de cette espèce.
• Sensibilisation du grand public : mieux connaître cette mante singulière permet de la protéger et d’éviter sa disparition locale.
Crédit photo Philippe Garcelon (CC BY-NC-SA 2.0).
Une créature de légendes
Avec son allure étrange, pouvant parfois rappeler un dragon comme sa cousine la mante dragon, l’Empuse commune a suscité de nombreuses légendes:
• Dans la mythologie gréco-romaine, l’Empuse était associée à un démon femelle nommé Empousa, fille d’Hécate, qui suçait le sang des hommes endormis
• En Russie ancienne, on croyait que l’Empuse était un démon qui se déguisait en veuve pour commettre ses méfaits
• Dans certaines croyances, les Empuses étaient comparées à des vampires
• Une légende raconte que la mante est la fille du diable, si méchante qu’il la transforma en religieuse. Dieu ne pouvant l’accepter, la changea à son tour en mante
• Dans plusieurs contes, les mantes sont décrites comme des religieuses ayant trahi leur vœu de chasteté, punies en étant transformées en insectes
• L’Empuse était parfois considérée comme un démon de midi qui cassait les bras et les jambes des moissonneurs endormis dans leurs champs
• La forme des antennes de certaines espèces, ressemblant à des cornes, a contribué à leur association avec des « boucs du diable
Crédit photo Rinaldo R (CC BY-NC-SA 2.0).
Vidéo du diablotin de Provence
Après la magnifique mante fleur, voici une petite vidéo de cette Empuse méditerranéenne:
Crédit photo Eduardo Martinez (CC BY-NC-SA 2.0).
En complément, démonstration des talents de chasseuses des mantes avec cette mante qui attrape des mouches sur un doigt.