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Civita di Bagnoregio, la ville italienne qui meurt… très lentement, et sous les flashs des touristes

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Civita di Bagnoregio se trouve dans le Latium, au nord de Rome, dans la province de Viterbe. Perché vers 440 m d’altitude sur un plateau de tuf volcanique posé sur une base d’argile très friable, le village domine la spectaculaire vallée des « calanchi », ces ravins sculptés par l’érosion. Fondé par les Étrusques il y a plus de 2 500 ans, Civita est aujourd’hui un hameau rattaché à la commune de Bagnoregio, et compte… quelques habitants permanents seulement.

Cette position de nid d’aigle fait tout son charme… et tout son problème. Civita di Bagnoregio ouvre d’ailleurs la marche de notre sélection de villages en altitude préservés du temps, ces hameaux accrochés à la montagne où l’on a l’impression que les siècles se sont arrêtés.

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Crédit photo pandionhiatus3.

Pourquoi on l’appelle « la ville qui meurt » ?

Le surnom italien de Civita, La città che muore, ne vient pas d’un dramaturge en manque d’inspiration, mais d’un constat très concret : la colline s’effrite. Les couches d’argile se dissolvent sous l’action de la pluie, des ruisseaux et des glissements de terrain. Résultat : chaque année, quelques centimètres de falaise disparaissent dans le vide, grignotant lentement le plateau et ses maisons.

Un grand séisme en 1695 a accéléré le déclin : une partie du bourg s’est effondrée, et beaucoup d’habitants ont déménagé vers le « nouveau » Bagnoregio, mieux ancré sur la roche solide. Depuis, les départs se sont enchaînés, jusqu’à laisser le village dans un état presque fantomatique, transformé peu à peu en « musée vivant » à ciel ouvert.

Civita fait aujourd’hui partie de ces villages italiens au destin un peu tragique, comme Centuripe, ce village de Sicile en forme de corps humain, lui aussi perché, étrange et spectaculaire lorsque vu du ciel.

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Crédit photo pandionhiatus3.

Un décor médiéval (presque) intact

Une fois le pont traversé, on entre par la Porta Santa Maria, une porte médiévale flanquée de lions de pierre, vestige d’un passé turbulent. Dans les ruelles étroites pavées de pierre, les maisons en tuf, les arcs, les petites places et les escaliers semblent sortir tout droit d’un décor de film historique.

Les façades sont envahies de pots de fleurs, de vignes vierges… et de chats. Beaucoup de chats. On dit même que la population féline dépasse la population humaine, ce qui en fait probablement l’un des seuls villages d’Italie où l’on pourrait élire un maire moustachu sans changer grand-chose au fonctionnement local.

Sur la place principale, cafés et petites trattorie permettent de siroter un verre de vin du Latium ou un espresso tout en admirant les vallées déchiquetées. Sous certaines maisons, on trouve encore des caves, citernes et vestiges étrusques ou médiévaux creusés dans la roche volcanique.

Si vous aimez les décors médiévaux figés dans le temps, faites aussi un tour virtuel du côté de Monteriggioni, un magnifique village fortifié de Toscane entouré de remparts parfaitement conservés.

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Crédit photo pandionhiatus3.

Un pont, un péage… et un million de visiteurs

On accède à Civita di Bagnoregio uniquement à pied, par un long pont piétonnier en béton construit dans les années 1960, d’environ 300 m de long. La pente est sérieuse (15–20 % par endroits), ce qui donne un bon aperçu de ce que « monter au village » veut dire, surtout en plein été.

Depuis 2013, l’accès est payant : un droit d’entrée sert à financer les coûteux travaux de consolidation de la colline et des bâtiments. En contrepartie, la commune voisine de Bagnoregio a carrément supprimé certains impôts locaux, l’économie reposant largement sur ce flux de visiteurs.

Et du monde, il y en a. On compte désormais plusieurs centaines de milliers de visiteurs par an, avec un pic autour du million dans les années récentes. Pendant que la colline perd des centimètres, les statistiques touristiques, elles, prennent de la hauteur.

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Crédit photo StevanZZ.

Légendes du village

Voici quelques légendes associées à « La città che muore » :

Miracle de saint Bonaventure

La légende locale raconte que Bonaventure, futur grand penseur du XIIIe siècle, alors enfant malade, aurait été miraculeusement guéri par saint François d’Assise à Civita même. Ce miracle est ancré dans l’histoire du village et lui confère une dimension spirituelle supplémentaire.

Origine royale et eaux guérisseuses

Une autre légende attribue le nom de Bagnoregio au roi lombard Didier, qui aurait été guéri par les eaux thermales de la région au VIIIe siècle. Ce récit relie le site à une tradition de bienfaits naturels et de guérison miraculeuse.

En révolte contre les seigneurs Monaldeschi

Sur l’arc de la façade principale, on trouve des bas-reliefs de lions tenant des têtes humaines, symboles d’une révolte victorieuse des habitants contre les seigneurs guelfes Monaldeschi en 1457. Cette anecdote gravée dans la pierre rappelle l’esprit d’indépendance du village.

Grotte de la Madonna del Carcere et anciens rites

Sous le belvédère se trouve une grotte sacrée : ancien tombeau étrusque devenu chapelle chrétienne dédiée à la Madonna del Carcere (la Vierge de la Prison), seule survivante d’un quartier écroulé lors du séisme de 1695. Ce lieu renforce le caractère sacré et mystérieux du site.

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Crédit photo ermess.

Civita aujourd’hui : entre carte postale et laboratoire de survie

Civita di Bagnoregio vit donc sur un équilibre étrange :
• quelques résidents permanents seulement (entre 12 et 16),
• une armée de touristes fascinés par cette ville « condamnée »,
• des ingénieurs et géologues qui surveillent les falaises comme on surveille un soufflé dans le four.

Le village est devenu un symbole : belle carte postale italienne, mais aussi cas d’école des effets de l’érosion, du dépeuplement des campagnes et du tourisme de masse qui, paradoxalement, finance la sauvegarde de ce qu’il met en péril.

Pour une carte postale italienne d’un autre genre, le village de Santa Maddalena dans le Val di Funes ou celui Rasiglia en Ombrie offrent une ambiance bien différente.

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Crédit photo e55evu.

Vidéo de Civita di Bagnoregio

Moins à l’abandon que Craco dans la région de Basilicate, voici une vidéo aérienne de ce charmant village de Civita di Bagnoregio:


Visiter Civita di Bagnoregio

Même si Civita est devenue une destination insolite très instagrammable, il faut tenir compte de l’accessibilité : le pont et la montée sont difficiles, voire impossibles, pour certaines personnes à mobilité réduite.

Ses coordonnées GPS (enfin celles de la Porta di Santa Maria) sont: 42° 37′ 39,82″ N, 12° 06′ 46,13″ E (42.627727162229014, 12.112814403632612).

Voici sa position sur Google Maps:

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Crédit photo Gagliardi.

Sources pour aller plus loin

Wikipédia
Unesco
National Geo

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