Nichée sur les rives de la Dordogne, la ville de Bergerac cultive une affection toute particulière pour Cyrano de Bergerac, personnage iconique à la verve et au nez légendaires. Pourtant, ce célèbre héros n’a jamais réellement foulé le sol de la ville !
Crédit photo couchmedia (CC BY-NC-SA 2.0).
Deux statues pour un mythe
Bergerac (Dordogne) cultive un certain panache : deux statues de Cyrano se partagent le centre historique. D’un côté, une version de 1977, claire et stylisée, presque abstraite, sur la place de la Mirpe. De l’autre, une version en bronze de 2005 (Mauro Corda), expressive et fièrement campée place Pélissière, face à l’église Saint-Jacques. Même personnage, deux époques, deux esthétiques — et une même idée : fixer dans la ville un mythe littéraire façonné par la pièce d’Edmond Rostand (1897).
Deux esthétiques, deux intentions:
• 1977 : une forme épurée, pierre composite claire, un geste de mémoire très “années 70”. On reconnaît Cyrano, mais sans (trop) surligner le nez (promis, il est là).
Crédit photo Céréales Killer (CC BY-SA 3.0).
• 2005 : bronze patiné, nez assumé (il ne se cache pas, lui), silhouette dynamique, regard levé : le personnage “parle” au visiteur et à l’architecture voisine. On est dans le signal urbain fort, la statue-phare qui aimante les objectifs. Elle évoque à la fois le personnage littéraire romantique de Rostand et l’homme de lettres historique, Savinien de Cyrano (1619-1655).
Crédit photo Jonny (CC BY-NC-ND 2.0).
Cette dualité dit quelque chose de l’art public : entre sobriété commémorative et emphase iconique, la ville s’adresse à des publics différents. Et au passage, elle crée un parcours à pied plutôt agréable entre les deux pièces (ruelles médiévales, haltes photo, cafés…).
Cyrano, entre réalité et fiction
Si l’illustre Savinien de Cyrano, mousquetaire, écrivain et poète à l’esprit très libre, n’est lié à Bergerac que par l’origine de son nom ajouté durant sa jeunesse, la ville s’est approprié son patrimoine légendaire. L’essentiel de la renommée mondiale de Bergerac provient donc du personnage façonné par Rostand et devenu le symbole de la cité.
Crédit photo RG1033 (CC BY-NC-SA 2.0).
La version 2005 de Cyrano joue la mise en scène : posture, axe du regard, dialogue avec l’église – on est proche d’une dramaturgie urbaine. Cette attention à l’attitude me rappelle la superbe élégance de Beau Brummell, la statue du dandy ultime à Londres : là aussi, l’allure devient le sujet, presque plus que la ressemblance. La statuaire n’est pas qu’un portrait ; c’est un langage.
Crédit photo PNieuwenhuizen (CC BY-SA 4.0).
Au vu de la popularité du héro de Rostand depuis quelques 130 ans, espérons que son « pic, cap ou péninsule » ne suscite pas les frottements polisseurs pour porter chance à l’instar de la poitrine de Molly Malone.
Voir les deux statues de Cyrano de Bergerac
Il existe un parcours ponctué d’anecdotes, d’édifices remarquables et bien sûr, du fameux double hommage statuaire. Il démarre place de la Mirpe (1977), file vers place Pélissière (2005), puis prolonge sur les quais de la Dordogne.
Voici les coordonnées GPS de la place de la Mirpe : 44° 51′ 6.56″ N, 0° 28′ 59.50″ E (44.85182188411961, 0.48319383565201196).
Voici sa position sur Google Maps:
Sources pour aller plus loin
• Office du Tourisme de Bergerac
• Guide touristique « Sur les pas de Cyrano »
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