Imaginez-vous en pleine forêt tropicale d’Amérique centrale, lorsque soudain, un « BONK » sonore résonne, semblable à une cloche géante.
Ne cherchez pas le carillonneur, il s’agit simplement de l’Araponga tricaronculé, ou Procnias tricarunculatus pour les intimes. Cet oiseau, membre de la famille des Cotingidae, est une véritable rock star de la jungle, connu pour ses vocalises impressionnantes et son apparence singulière.
« Three-wattled Bellbird » par Jorge Obando Nature Photo (CC BY-SA 2.0).
Un look de fashion victim
Le mâle adulte de l’Araponga tricaronculé ne passe pas inaperçu. Avec sa tête, son cou et sa poitrine d’un blanc immaculé contrastant avec son plumage châtain-brun, il pourrait déjà prétendre au titre de « Mister Forêt Tropicale ».
Mais ce qui le distingue vraiment, ce sont les trois caroncules noirâtres pendantes à la base de son bec, ressemblant à des spaghettis gothiques. Ces appendices peuvent atteindre jusqu’à 10 centimètres, soit environ un tiers de la longueur de son corps.
La femelle, plus discrète, arbore un plumage vert-olive avec des parties inférieures jaunes striées de vert-olive, parfaite pour passer incognito parmi les feuillages.
Ce dimorphisme caronculé rappelle un peu celui de la Coracine casquée dont le mâle arbore une espèce de barbe.
Ce n’est pas le cas chez tous les oiseaux à caroncules, par exemple chez la sterne inca, mâles et femelles portent la moustache.
« Three-wattled bellbird – puntarenas, costa rica » par Ryan Mandelbaum (CC BY 2.0).
Un habitat en altitude et des migrations saisonnières
Cet oiseau préfère les hautes terres d’Amérique centrale, du Honduras à l’ouest du Panama.
Durant la saison de reproduction, de mars à septembre, il réside dans les forêts de nuages entre 1 200 et 2 100 mètres d’altitude. Une fois l’amour consommé, il descend vers les plaines, parfois jusqu’au niveau de la mer, pour profiter d’un climat plus clément.
Frugivore exclusif, l’Araponga tricaronculé se nourrit principalement des fruits des Lauraceae, jouant ainsi un rôle essentiel dans la dispersion des graines de ces arbres. En avalant les fruits entiers et en régurgitant les graines loin de l’arbre parent, il favorise la régénération de la forêt.
Crédit photo David Rodríguez Arias (CC BY-NC-SA 2.0) .
Un chanteur à la voix perçante
Le mâle Araponga tricaronculé est doté d’un cri parmi les plus puissants du monde aviaire, audible jusqu’à 800 mètres de distance.
Son chant distinctif, décrit comme un « bonk » retentissant, est souvent comparé au son d’une cloche, ce qui lui vaut le surnom anglais de « bellbird ».
Lors de la parade nuptiale, le mâle s’approche furtivement de la femelle perchée sur une branche haute, ouvre son bec à 180 degrés et émet son cri caractéristique, provoquant souvent la chute de la femelle de son perchoir.
Voici une vidéo d’un de ces sonneurs de cloche en pleine vocalises:
Crédit photo andraescholz (CC BY-NC 2.0).
Un avenir incertain
Malheureusement, l’Araponga tricaronculé est classé comme « vulnérable » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), principalement en raison de la destruction de son habitat forestier.
Des initiatives de conservation, comme le programme de reforestation de l’Institut Monteverde au Costa Rica, s’efforcent de préserver l’habitat naturel de cet oiseau remarquable. Espérons qu’elles fonctionnent au moins aussi bien que celles mises en place pour le tigre du Bengale.
Crédit photo David Larson (CC BY-NC-ND 2.0).
Un oiseau de légendes
Dans les cultures locales, l’Araponga tricaronculé est entouré de mystères.
Certains habitants croient que son chant puissant annonce des changements météorologiques, tandis que d’autres pensent qu’il guide les esprits des ancêtres à travers la forêt.
Ces légendes ajoutent une touche mystique à cet oiseau déjà fascinant par son apparence et son chant.
Crédit photo Cephas (CC BY-SA 4.0).
Plus d’informations/via:
• Wikipédia
• Animal Diversity
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