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Ara de Spix (ararinha-azul) : l’oiseau bleu de Rio est-il vraiment éteint… ou en train de revenir ?

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Si le film Rio vous a donné envie d’adopter un perroquet bleu (mauvaise idée, au passage), c’est parce qu’il s’inspire d’une vraie tragédie : l’ara de Spix (Cyanopsitta spixii), aussi appelé ararinha-azul, a disparu de la nature au tournant des années 2000. L’UICN l’a ensuite classé officiellement “Éteint à l’état sauvage” (EW) en 2019 : il restait des oiseaux… mais plus en liberté.

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Image créée par 2tout2rien.

Un ara entièrement bleu

L’ara de Spix se reconnaît à son plumage bleu intégral, plus sombre sur les ailes et la queue, plus clair et légèrement grisâtre sur la tête. Son bec puissant est gris foncé à noir, et son corps mesure environ 55 à 60 cm pour un poids évitant 350 g. Cette silhouette élégante de perroquet bleu unicolore, perchée sur les arbres secs de la caatinga brésilienne, lui a une valeur d’être comparée à un « fantôme bleu » dans un paysage aride.

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Crédit photo Daderot (domaine public).

L’ara de Spix, un oiseau rare, coincé dans un habitat très “petit”

L’ara de Spix vivait dans le Nord-Est du Brésil, dans la Caatinga, une région semi-aride où les zones de verdure se concentrent notamment le long des cours d’eau. Il nichait dans les cavités des troncs d’arbres le long de rivières temporaires et se nourrissait de graines et de fruits d’arbres locaux, notamment certaines noix et arachides indigènes. Son territoire naturel était déjà très restreint, ce qui le rendait particulièrement vulnérable à la moindre modification de son habitat.

Le cocktail qui l’a envoyé au tapis au XXe siècle est tristement classique : déforestation, surpâturage lié à l’élevage, et capture/traite illégale pour le marché des oiseaux exotiques.
Résultat : le dernier individu sauvage suivi par les chercheurs a fini par disparaître autour de l’an 2000 (c’est d’ailleurs à cette période que le Brésil le considérait déjà comme “éteint dans la nature”). Un destin qui pourrait bien être aussi celui de son cousin, le perroquet Dracula.

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Crédit photo Etemenanki3 (CC BY-SA 4.0).

“Éteint à l’état sauvage” ne veut pas dire “éteint”

La nuance est capitale : EW signifie que l’espèce survit en captivité (zoos, centres de reproduction, programmes coordonnés), mais qu’elle ne se maintient plus dans son milieu.

Quelques dizaines d’individus ont survécu en captivité et cette micro-population a servi de base à des programmes coordonnés. C’est là que la conservation a sorti la boîte à outils : reproduction contrôlée, gestion de la diversité génétique, échanges entre structures et, surtout, préparation d’un retour dans l’aire historique. On retrouve dans l’histoire des acteurs et sites bien connus dans la conservation des psittacidés (par ex. Loro Parque et Pairi Daiza évoquent explicitement leur implication dans ces efforts).

Il n’y a pas eu besoin de clonage comme pour le furet à pattes noires et grâce à ces efforts, le nombre total d’oiseaux en captivité a pu être progressivement augmenté jusqu’à atteindre un seuil permettant d’envisager une réintroduction.

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Crédit photo Rüdiger Stehn (CC BY-SA 2.0).

Curaçá (Bahia) : la réintroduction, version terrain (pas version Disney)

En 2020, des aras de Spix ont été transférés vers le Brésil pour la phase “pré-reintroduction”. Puis en juin 2022, les premiers lâchers ont marqué le vrai retour du bleu dans le ciel de la

Détail étonnant: le programme a aussi relâché des aras d’Illiger / aras à ailes bleues (Primolius maracana) prélevés localement, jouant un rôle “d’oiseaux professeurs” pour aider les aras de Spix à se caler sur les bons comportements (vol, vigilance, nourriture). Des suivis radio (colliers/émetteurs) ont été utilisés, et malgré des succès, la réalité est rude : prédation, pertes, disparitions… environ la moitié des aras relâchés au début auraient été perdus.

Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)

Des naissances et des menaces

En 2023, un premier cap symbolique a été franchi avec des poussins nés “en vie libre” (en liberté) dans la zone de réintroduction, signalé comme un jalon par l’ICMBio.

Même quand la reproduction repart, la partie est loin d’être gagnée : habitat, climat (aridification), stabilité des partenariats, et désormais un risque sanitaire majeur. En 2025, l’ICMBio a communiqué sur la lutte contre un circovirus (très contagieux chez les perroquets), et Mongabay évoque une crise sanitaire autour de cas détectés, sur fond de tensions institutionnelles.

Au dernier pointage public, on parle d’environ 300 individus en captivité (ICMBio) à ~360 (AP) selon les sources : signe qu’on a des effectifs, mais qu’on reste sur une espèce “au millimètre”.

C’est toutefois un bel espoir pour cette espèce et pour les amoureux de la nature. Si l’opération réussit, cela fera une espèce qui ne sera pas à ressusciter comme le loup géant.

Spix's Macaw (Cyanopsitta spixii)

Sources pour aller plus loin

Datazone
UICN
APnews
Agencia Brasil
AFP Checamos
Gov.br

Bonne nouvelle en survie d’espèce, découvrez également ce doublement de la population de tigres en Inde.

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