Véritable star de l’exposition universelle de Paris en 1900, Sada Yacco a connu un parcours fantastique et atypique la faisant passer de geisha à star du théâtre occidental.
Elle est née à Tokyo le 18 juillet 1871 sous le nom de Sada Koyama, fille d’un fudanshi, négociateur de riz qui aidait les samourais (payés en ballot de riz) à écouler leur stock.
Malheureusement, à sa naissance la classe des samourais avait été éradiquée (en voir quelques portraits d’époque) et ce douzième enfant tombait bien mal dans une famille qui avait perdu ses moyens de subsistance.
D’ailleurs de toute façon, il valait mieux naitre garçon que fille dans le Japon de cette époque…
A l’âge de 4 ans, la petite fille a été vendu à la maison de geisha tenue par Kame Hamada qui l’a ensuite adoptée à la mort de son père trois ans plus tard.
Une mère adoptive ambitieuse qui l’a formé aux arts traditionnels comme la danse, le shamisen ou le koto (voir ici quelques clichés de geishas en couleur) mais aussi encouragé à pratiquer des activités plus masculines comme l’équitation, le jiu-jitsu ou le billard.
À l’âge de 15 ans, Sada prend le nom de geisha Yacco et sa virginité est vendue à Ito Hirobumi, le premier Premier ministre du Japon. Avec ce parrainage de l’un des hommes les plus importants du Japon, Yacco est devenue la geisha la plus recherchée de Tokyo.
Après trois ans à son service, elle a été libérée par Hirobomi, et, au lieu de rechercher une sécurité financière avec un des nombreux mécènes potentiels, elle a rencontré et épousé le comédien Otojiro Kawakami en 1893.
Ensemble, ils ont levé des fonds et créé un théâtre de style occidental à Tokyo avant de partir faire découvrir le kabuki au USA.
Présentée comme la geisha la plus célèbre du Japon, leur tournée américaine a été un succès malgré les péripéties liées à l’organisation.
Bien sûr, de l’art original japonais il restait peu, adaptant au fil du temps le spectacle au public occidental, mais suffisamment pour se démarquer, tourner en Europe et inspirer d’autres créateurs comme par exemple Ruth Saint Denis.
Sur son spectacle de l’exposition de Paris qu’il a vu 6 fois, André Gide a déclaré:
Dans sa passion rythmée et mesurée, Sada Yacco nous donne l’émotion sacrée des grands drames de l’Antiquité, que nous cherchons et ne trouvons plus sur notre propre scène.
Photographiée puis peinte par Pablo Picasso, elle a également donné son nom à un parfum de Guerlain.
De retour au Japon, elle a continué dans la fusion de l’orient et de l’occident en adaptant de grands classique de Shakespeare comme Othello ou Hamlet pour le public japonais.
Sada Yacco a par la suite ouvert la première école de théâtre pour femmes au Japon:
Je voudrais former des actrices accomplies, que l’on pourrait appeler les Sarah Bernhardt du Japon
Décédée le 7 décembre 1946 à Atami, le musée de Futaba (Nagoya) à l’effigie de cette geisha devenue star du théâtre rappelle son fantastique parcours, réalisé dans la demeure que l’actrice a partagé avec son second mari Momosuke Fukuzawa.
Crédit photo Futaba Museum
Crédit photo Futaba Museum
Crédit photo Futaba Museum
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