Il hante les imaginaires depuis des millénaires, avec son regard perçant, ses crocs acérés et sa stature imposante : le loup géant, ou plutôt le loup terrible (dire wolf), figure légendaire de la préhistoire, sort du mythe… grâce à la science.
Et pour les fans de Game of Thrones, ce n’est pas une blague : le vrai « dire wolf » qui a inspiré les loups géants des Stark pourrait bientôt fouler à nouveau les terres… ou du moins une version recréée en laboratoire par Colossal Biosciences.
Romulus et Remus à environ un mois.
Un loup pas si imaginaire que ça
Dans la série culte, chaque enfant Stark adopte un loup géant, aussi fidèle que redoutable, incarnant la puissance, la loyauté et une part de sauvagerie ancestrale. Ces bêtes impressionnantes sont basées sur une espèce bien réelle : le loup terrible (Aenocyon dirus), un cousin préhistorique du loup gris.
Mais attention : malgré leur ressemblance extérieure, les loups terribles ne sont pas les ancêtres directs de nos loups modernes. Grâce à l’ADN prélevé sur des fossiles, les scientifiques ont découvert qu’ils appartiennent à une branche évolutive distincte, séparée depuis plus de 5 millions d’années. Un loup, oui, mais d’un autre monde. Un vrai Nymeria ou Ghost, version paléolithique.
Remus et Romulus à environ trois mois.
Une prouesse génétique
La société de biotechnologie américaine Colossal Biosciences, startup déjà célèbre pour son projet de « ressusciter » le mammouth laineux, a annoncé la naissance de trois louveteaux génétiquement modifiés, inspirés de cette espèce éteinte. Baptisés Romulus, Remus et Khaleesi, ces canidés ne sont pas des clones exacts du loup terrible, mais des loups gris (Canis lupus) dont 20 gènes ont été modifiés pour reproduire certaines caractéristiques physiques du loup disparu, comme un pelage dense, une taille imposante et une mâchoire robuste .
Le processus a débuté par l’analyse de l’ADN extrait d’une dent vieille de 13 000 ans et d’un crâne de 72 000 ans appartenant à Aenocyon dirus. Les scientifiques ont identifié 14 gènes présentant 20 mutations associées aux traits spécifiques du loup terrible. Ces mutations ont été introduites dans des cellules de loups gris modernes grâce à la technologie CRISPR-Cas9. Les noyaux modifiés ont ensuite été transférés dans des ovules énucléés, implantés dans des chiennes porteuses. Romulus et Remus sont nés le 1er octobre 2024, suivis de Khaleesi le 30 janvier 2025.
Louveteau après la naissance.
Ben Lamm, PDG de Colossal, a déclaré:
Je suis extrêmement fier de l’équipe. Cette étape majeure est le premier d’une longue série d’exemples démontrant l’efficacité de notre technologie de dé-extinction de bout en bout. Notre équipe a prélevé l’ADN d’une dent vieille de 13 000 ans et d’un crâne vieux de 72 000 ans pour créer des louveteaux géants en bonne santé. On disait autrefois : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». Aujourd’hui, notre équipe dévoile une partie de la magie sur laquelle elle travaille et son impact plus large sur la conservation.
Des noms chargés de symboles
Les noms des louveteaux ne sont pas anodins. Romulus et Remus font référence aux jumeaux légendaires fondateurs de Rome, élevés par une louve.
Khaleesi, quant à elle, évoque le titre porté par Daenerys Targaryen dans la série Game of Thrones, où les loups géants, ou « direwolves », sont les fidèles compagnons des enfants Stark. Ce clin d’œil à la culture populaire souligne l’inspiration tirée de la fiction pour ce projet scientifique .
Vidéo des loups terribles
Voici la vidéo de Colossal présentant cette « résurrection »:
Et le premier hurlement d’un loup terrible depuis 10000 ans:
Voici également une vidéo du magazine Time qui a pu voir ces loups géants:
Un loup géant à l’avenir incertain
Actuellement, les trois loups vivent dans une réserve écologique sécurisée de plus de 800 hectares, sous surveillance constante.
Après les souris laineuses, Colossal Biosciences présente ce projet comme une avancée majeure dans le domaine de la « désextinction », avec l’ambition de restaurer des espèces disparues et de contribuer à la conservation de la biodiversité.
Cependant, de nombreux scientifiques et éthiciens s’interrogent sur les implications de telles manipulations génétiques, notamment en ce qui concerne le bien-être animal, les risques écologiques et les priorités en matière de conservation.
Loup terrible de 3 mois.
Le principe de désextinction présenté fait également débat, les loups géants n’étant pas complètement des loups terribles mais des hybrides, des chimères. Michael Knapp, professeur associé au département d’anatomie de l’université d’Otago en Nouvelle-Zélande, explique:
L’affirmation de Colossal selon laquelle ils auraient ramené le loup géant à la vie est susceptible d’irriter les généticiens. Les loups géants et les loups gris diffèrent sur plus de 20 positions de leur génome. Ainsi, ces nouveaux loups géants sont génétiquement presque certainement plus proches des loups gris que des anciens loups géants, mais ils ressemblent davantage à des loups géants qu’à des loups gris. Il ne s’agit pas des loups géants qui ont disparu il y a plus de 10 000 ans, comme le suggère le communiqué de presse. Au-delà de cette simplification, et au-delà de toutes les préoccupations éthiques légitimes soulevées, il est indéniable que la naissance de ces loups constitue une avancée majeure en génétique.
Entre fascination mythologique et fascination technologique, le loup géant est à la croisée des chemins. Les Stark disaient que « l’hiver vient », mais c’est peut-être un nouveau bestiaire préhistorique qui s’annonce.
Loup terrible de 5 mois.
Sauver des espèces en danger
Colossal ne s’est pas contenter de ressusciter le loup géant mais, grâce à une méthode de clonage sanguin moins invasive dont elle est pionnière, elle a également cloné quatre loups rouges en voie de disparition critique.
Les méthodes de clonage traditionnelles (si tant est qu’on puisse appeler « clonage » traditionnel) nécessitent des biopsies tissulaires invasives, tandis que l’approche de Colossal utilise des cellules progénitrices endothéliales (CPE) prélevées à partir d’une simple prise de sang.
Ces 4 loups rouges clonés vivent dans la réserve sécurisée avec les 3 loups géants dans un lieu tenu secret. Le site est certifié par l’American Humane Society et enregistré auprès de l’USDA.
Le clonage est une voie qui permet de sauver des espèces de l’extinction, comme par exemple celle du furet à pattes noires.
Un des quatre loups rouges clonés, nommé Hope, à l’âge de quatre mois.
Pour aller plus loin
• Colossal Biosciences
• The Guardian – Have researchers really ‘de-extincted’ the dire wolf? No, but behind the hype was a genuine breakthrough
• Business Insider – Dire wolves have been extinct for over 10,000 years. Now, the startup Colossal Biosciences says it’s brought them back.
• Le Monde – La naissance de loups génétiquement modifiés annoncée par une start-up américaine
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perso, je remarque que l’on ne montre jamais ces loups à coté des loups de nos jours, donc, impossible d’être certain qu’ils sont géants…
quand aux manipulations génétiques… je ne sais pas si nous devons nous en réjouir
d’abord, c’est une contorsion intellectuelle de dire qu’ils ont ressuscité une race disparue car rien ne prouve que génétiquement elle est identique
par ailleurs, nous sommes bien plus qu’un tas de gènes… quand on sait que l’homme et les félins partagent 90% de leurs gènes ou 80% avec les vaches, comment déterminer les gènes différenciants ?
bref, encore un truc d’américrétins
Elle n’est pas identique, c’est une chimère.
Après oui, les questions d’éthique sur la génétique se posent. C’est à la fois fascinant et terrifiant…
C’est vraiment effrayant de s’imaginer ces créatures scientifiquement modifiées !!!
Jusqu’où va aller cette folie il y a un projet de recréer un mammouth laineux ça fait froid dans le dos
Romulus et Remus vont ils créer une nouvelle Rome