Le fossa : mystérieux et redoutable chasseur malgache au faux air de félin

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Dans les forêts humides de Madagascar, un prédateur discret et mal connu règne en maître : le fossa (aussi parfois écrit fosa). Souvent confondu avec un félin, cet animal énigmatique est en réalité plus proche de la mangouste que du chat. Longiligne, musclé et agile, le fossa est le cauchemar des lémuriens et l’un des symboles de la biodiversité unique de la Grande Île.

Crédit photo Mathias Appel (domaine public).

Un drôle d’animal entre chat, mangouste et panthère miniature

Le fossa (Cryptoprocta ferox) appartient à la famille des Eupleridae, un groupe de carnivores endémiques de Madagascar. Bien qu’il évoque un félin par son apparence (museau allongé, oreilles arrondies, fourrure brune), il est en réalité le plus grand carnivore terrestre de l’île… et le plus redouté.

Crédit photo Nathan Rupert (CC BY-NC-ND 2.0).

• Taille adulte : 70 à 80cm de long (tête et corps), queue de 65 à 70cm, soit près de 1,5m de longueur totale. Sa longue queue lui sert de balancier pour se déplacer avec une grâce étonnante dans les arbres.
• Poids : 5,5 à 8,6kg pour les femelles, 6,2 à 8,6kg pour les mâles. Quelques individus rares ont été décrits jusqu’à 20kg, mais cela reste exceptionnel.
• Apparence : Silhouette élancée, museau court et grand rappelant la mangouste, fourrure brune roussâtre, yeux brun-ambre adaptés à la vision nocturne.
• Spécificité anatomique : Griffes semi-rétractiles et chevilles très souples qui lui permettent de grimper et descendre des arbres la tête la première et de sauter d’arbre en arbre. Un vrai ninja malgache.
• Comparaison taxonomique : Malgré sa ressemblance avec un félidé, il appartient à la famille des Eupleridae, proches des mangoustes.

Crédit photo Cloudtail the Snow Leopard (CC BY-NC-ND 2.0).

Ce n’est pas le seul animal de Madagascar paraissant être un mélange d’espèces différentes, le aye-aye par exemple semble être un mixe d’opossum, de souris et de chauve-souris.

Crédit photo zoofanatic (CC BY 2.0).

Un régime carnivore, mais sélectif

Le fossa est un prédateur opportuniste, mais il a une nette préférence : les lémuriens (en découvrir 10 espèces méconnues). Il peut en consommer jusqu’à 50 % de son régime alimentaire. Il chasse aussi des oiseaux, des rongeurs, des reptiles et parfois même de jeunes cochons domestiques ou d’autre bétail.

Actif le jour comme la nuit (on dit qu’il est cathéméral), il utilise sa vue perçante, son odorat développé et sa souplesse diabolique pour traquer ses proies dans les forêts denses. Et contrairement à ce que son air placide pourrait laisser croire, il est capable de poursuivre une proie sur de longues distances… dans les arbres.

Crédit photo Mathias Appel (domaine public).

Une reproduction particulière

La saison des amours du fossa est l’un des phénomènes les plus curieux du règne animal. Les femelles choisissent un arbre spécifique, souvent le même d’année en année, et y appellent les mâles. Ces derniers se relaient pour tenter de s’accoupler avec elle, parfois pendant plusieurs heures, suspendus à des branches instables. Et attention : madame fossa n’est pas d’une grande patience…

Après une gestation de six à sept semaines, la femelle donne naissance à deux à quatre petits, aveugles et sans poil. Ils resteront plusieurs mois dans la tanière avant d’apprendre à grimper, chasser, et surtout, survivre.

Crédit photo Nathan Rupert (CC BY-NC-ND 2.0).

Place dans la culture et légendes malgaches

Le fossa occupe une place à part dans l’imaginaire populaire malgache. Craint pour sa férocité, il est aussi l’objet de nombreuses superstitions et légendes :
• Il serait capable de tuer les volailles rien qu’avec son odeur ou de s’introduire dans les maisons pour enlever des enfants.
• Certaines histoires prétendent qu’un simple « coup de langue » de l’animal endormirait un humain pour mieux le dévorer.
• Il bénéficie parfois d’un « fady » (tabou) protecteur, censé lui interdire de nuire aux habitants de certaines régions.
• Selon certains récits, la fossa serait née de l’union d’un félin et d’un esprit de la forêt, résultant de sa nature hybride, insaisissable et sa grande adaptabilité.

Crédit photo Nathan Rupert (CC BY-NC-ND 2.0).

Ces croyances, évidemment très exagérées, traduisent toutefois le respect, la crainte et la fascination que le fosa inspire encore. L’animal a une symbolique forte, incarnant la force, la ruse et l’adaptation. Il symbolise aussi la frontière entre les mondes : terrestre/arboricole, visible/invisible, diurne/nocturne.

Crédit photo Nathan Rupert (CC BY-NC-ND 2.0).

Une espèce en danger

Comme de nombreux animaux malgaches, le fossa est menacé par la déforestation massive, la fragmentation de son habitat et la chasse. Il est parfois tué par les éleveurs qui le soupçonnent d’attaquer leurs volailles. La perte de proies naturelles, notamment les lémuriens eux-mêmes en danger, complique sa survie.

Crédit photo David Cook Wildlife Photography (CC BY-NC 2.0).