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La découverte d’un faon à deux têtes près de Freeburg

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En 2016, un cueilleur de champignons se promène tranquillement dans une forêt près de Freeburg, dans le Minnesota. Il espère tomber sur quelques morilles… et finit par découvrir quelque chose de beaucoup plus improbable : un faon à deux têtes étendu sur le sol, tout près du Mississippi.

L’animal est déjà mort quand il est trouvé, mais il est propre, sec, et semble avoir été soigneusement léché. Tout indique que la biche l’a vraiment toiletté comme n’importe quel autre petit : l’instinct maternel chez les cervidés ne s’arrête manifestement pas à une paire de têtes en rab.

Prévenu, le Minnesota Department of Natural Resources (DNR) récupère le corps du faon, le congèle pour conservation, puis le confie à une équipe de chercheurs. Ce qui ressemble à une créature de conte macabre devient alors un cas d’étude scientifique unique.

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Un cas rarissime de jumelles siamoises chez le cerf de Virginie

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce faon n’est pas un « monstre » isolé, mais un cas de jumelles siamoises chez le cerf de Virginie (white-tailed deer). D’un point de vue technique, on parle de polycéphalie, c’est-à-dire un animal présentant deux têtes sur un même corps.

Les examens (radiographies, scanner, IRM puis nécropsie) ont révélé une anatomie aussi fascinante que non viable :
• deux têtes et deux cous bien distincts,
• qui fusionnent plus bas le long de la colonne vertébrale pour ne former qu’un seul corps,
deux cœurs logés dans le même sac péricardique,
• un seul foie partagé,
• des voies digestives partiellement doublées mais mal connectées, rendant la digestion impossible,
• des poumons jamais remplis d’air : le faon était mort-né, il n’a donc jamais respiré.

Pour les chercheurs, ce spécimen est historique : c’est le premier cas documenté de faon à deux têtes mené à terme et effectivement mis au monde dans la nature. Les autres cas connus de cervidés siamois concernaient des fœtus encore dans l’utérus ou des spécimens de ferme.

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Comment naît un faon à deux têtes ?

Derrière cette bizarrerie de la nature se cache un phénomène déjà bien connu chez l’humain et de nombreux animaux : les jumeaux siamois. Au tout début du développement, un embryon qui devait se diviser en deux jumeaux identiques ne se sépare pas complètement. Résultat : deux individus génétiquement identiques, mais fusionnés par une partie du corps.

Les scientifiques restent prudents sur la fréquence réelle de ce type d’anomalie. Avec des dizaines de millions de faons qui naissent chaque année aux États-Unis, il est quasi certain que d’autres cas semblables surviennent. Mais la plupart des fœtus malformés sont résorbés, avortés ou rapidement dévorés par les charognards.

Observer un faon siamois parfaitement conservé, mené à terme et mis bas, relève donc presque du miracle… scientifique.

Les animaux à deux têtes : un club très fermé (mais déjà sur 2tout2rien)

Si ce faon à deux têtes semble tout droit sorti d’un bestiaire fantastique, il n’est pas seul dans le club très fermé des animaux bicéphales.

Sur 2tout2rien, est déjà réunie une belle galerie de curiosités avec 10 étranges et effrayants animaux à deux têtes : serpents, vaches, moutons, dragons barbus et autres créatures à double commande.

On peut y ajouter :
• Thelma et Louise, la tortue à deux têtes née au zoo de San Antonio, vedette de l’article: La naissance d’une tortue à deux têtes [vidéo].
• Janus, la plus vieille tortue bicéphale, qui a fêté ses 25 ans au Muséum d’histoire naturelle de Genève, star de La plus vieille tortue bicéphale a fêté ses 25 ans [vidéo].
• Frank et Louie, le chat Janus, ce chat à deux visages tout aussi déroutant que fascinant, présenté dans Janus – le chat à deux visages [vidéo].

Et du côté humain, l’histoire se complique encore un peu plus avec le garçon à deux têtes du Bengale atteint de craniopagus parasiticus, un cas spectaculaire d’anomalie crânienne parasitaire au XVIIIᵉ siècle, qui montre que la frontière entre fascination, exploitation et horreur a longtemps été… très floue.

De la forêt au musée : le destin du faon siamois

Plutôt que de laisser ce faon à deux têtes finir oublié dans un congélateur, les biologistes ont décidé de lui offrir une seconde vie, cette fois-ci scientifique et pédagogique.

Le spécimen a été empaillé et est désormais exposé au siège du Minnesota Department of Natural Resources à Saint Paul, délicatement posé sur un lit d’herbe, comme s’il venait tout juste d’être déposé par sa mère.

Son squelette a rejoint les collections du musée d’anatomie vétérinaire de l’Université du Minnesota, où il sert de support d’étude pour les étudiants en médecine vétérinaire et les chercheurs.

On est ici à mille lieues des montages surréalistes et assumés des taxidermies bizarres de Bin, où lapins-pigeons et créatures hybrides sortent tout droit de l’imagination d’un artiste. Dans le cas du faon, rien n’a été inventé : c’est simplement la nature qui, en se trompant, a produit une œuvre que seule la science est venue documenter.

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Ce que nous raconte ce faon à deux têtes

Au-delà du côté spectaculaire, ce faon siamois découvert dans une forêt du Minnesota nous rappelle plusieurs choses :
• La gestation en milieu sauvage n’est pas un processus parfait : erreurs de duplication, mutations ou accidents de développement surviennent aussi chez les animaux sauvages, comme chez l’humain.
• La force de l’instinct maternel est impressionnante : malgré une malformation visible, la biche a probablement léché, nettoyé et tenté de s’occuper de ses petits comme de n’importe quel faon viable.
• Pour la science, ce cas est une mine d’informations : scanners, IRM, dissection et publication dans une revue scientifique ont permis de mieux comprendre comment se forment les jumeaux siamois chez les cervidés.

Et pour nous, simples spectateurs, ce faon à deux têtes oscille entre créature de légende sombre et leçon de biologie grandeur nature : parfois, la réalité se charge très bien de faire plus étrange que la fiction… pas besoin de Photoshop.

Sources pour aller plus loin

Article de l’Université de Géorgie sur les faons siamois
Étude scientifique (American Midland Naturalist) sur les faons siamois de cerf de Virginie
Article LiveScience sur le cerf à deux têtes du Minnesota
Article CBS News Minnesota

Toutes les images: crédits Minnesota Department of Natural Resources / University of Georgia.

Dans un registre un peu différent mais tout aussi étrange, découvrez aussi cet étrange poisson à deux bouches, dont la malformation était, elle, compatible avec la vie. Comme quoi, avoir trop de têtes, de bouches ou de membres est rarement une bonne stratégie de survie, mais ce n’est pas totalement rédhibitoire.

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1 commentaire pour “La découverte d’un faon à deux têtes près de Freeburg”

  1. Retour de ping : un étrange poisson à deux bouches - 2Tout2Rien

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