Au Japon, il est possible de louer une grand-mère pour 3 300 yens (environ 23 dollars) de l’heure grâce au service « OK Grandma » — ou « OK Obaachan » (OK Obāchan), proposé par la société Client Partners. Un concept étonnant, doux-amer, qui en dit long sur les évolutions de la société japonaise… et qui fait fondre plus d’un cœur.
Crédit photo Joris Beugels.
Une mamie en location
Lancé en 2012, ce service original répond à un large éventail de besoins. Son principe est simple : permettre à n’importe qui de réserver les services d’une personne âgée bienveillante, prête à jouer les mères ou grands-mères de substitution, le temps d’une heure ou d’un après-midi.
Et la demande est bien réelle. Certains clients sont des étudiants vivant loin de leur famille, d’autres des adultes en quête de réconfort ou de conseils. Il y a même ceux qui engagent une mamie pour les accompagner dans des tâches ménagères, bénéficier d’un repas traditionnel fait maison, être accompagné à des événements familiaux, ou pour simuler une présence familiale lors d’événements gênants – comme annoncer une rupture ou discuter avec un propriétaire suspicieux.
Crédit photo Beth Macdonald.
Des profils choisis avec soin
Toutes les grand-mères du programme ont entre 60 et 94 ans, et sont sélectionnées pour leurs qualités humaines : écoute, patience, gentillesse, mais aussi parfois pour leurs talents culinaires, leur humour ou leur sens de la répartie. Aucune compétence « technique » n’est obligatoire et manifestement les talents sportifs ne font pas partie des critères, Mamie Turbo ne peut pas bénéficier de ses performances aux 100 mètres pour postuler.
Depuis sa création, le service aurait recruté plus de 100 femmes âgées. Leur rôle dépasse largement celui d’un simple service ponctuel : elles deviennent souvent une présence régulière et affectueuse dans la vie de leurs clients.
Crédit photo Joris Beugels.
Le Japon face à la solitude
Ce phénomène s’inscrit dans un contexte social particulier : le vieillissement rapide de la population japonaise, la déconnexion entre générations, et une augmentation des personnes isolées. Le service répond donc à un double besoin :
• D’un côté, celui de jeunes adultes souvent seuls en ville, en manque de lien familial.
• De l’autre, celui de femmes âgées qui souhaitent rester actives, utiles, et socialement connectées.
Résultat : des rencontres touchantes, parfois improbables, mais toujours humaines.
Crédit photo Joris Beugels.
Le prix pour louer une grand-mère
Le tarif standard pour louer une grand-mère est de 3 300 yens de l’heure, soit environ 23 €. Il peut y avoir des frais supplémentaires si la grand-mère doit se déplacer loin ou effectuer certaines tâches spécifiques. Et bien sûr, aucune ambiguïté n’est tolérée : ce service est strictement non-romantique et entièrement respectueux.
Client Partners, entreprise spécialisée dans les services à la personne (ménage, garde d’enfants, garde d’animaux), emploie plus de 100 femmes âgées de 60 à 94 ans, toutes richesses d’expériences de vie et prêtes à offrir leur temps et leurs compétences. Selon la société, l’avantage de l’âge est une capacité à relativiser les petits soucis et à faire preuve d’une grande patience et bienveillance, qualités précieuses pour accompagner ceux qui font appel à leurs services
Crédit photo Beth Macdonald.
Quand la chaleur humaine devient un service
Cette approche innovante – parmi d’autres services de « localisation de personnes » populaires au Japon – permet aussi aux seniors, parfois isolés ou en recherche de sens, de valoriser leur savoir-faire (et faire profiter aux autres de leurs blagues) et de compléter leur retraite dans une société vieillissante.
Certains y verront une dérive de la société moderne, où même les liens familiaux se louent à l’heure. D’autres y verront une belle réponse à la solitude, une forme de résilience et de solidarité intergénérationnelle. Dans tous les cas, difficile de ne pas sourire devant cette initiative aussi surprenante qu’émouvante.
Crédit photo Yang Miao.
Sources pour aller plus loin
• Oddity Central
• South China Morning Post
• My Modern Met
• Vice
Et certaines mamies sont plutôt bien en forme, découvrez par exemple Carmen Dell’Orefice, mannequin de 92 ans.
On voit qu’on est pas foutue après 70 ans . Vive la vieillesse